Saâdane Afif, Pierre Buraglio, Claude Lévêque, Guillaume Linard-Osorio, David Medalla, Mathieu Mercier, Anita Molinero, Cécile Noguès, EstefanÃa Peñafiel Loaiza, Mimmo Rotella, Michaël Roy, Patrick Saytour, David de Tscharner, Lawrence Weiner
Histoire d’objets
De très nombreux artistes ont eu recours à l’utilisation d’objets dans leurs pratiques. Parfois de façon récurrente, parfois de façon ponctuelle. Aucune présentation ne saurait être exhaustive, tant la liste serait impossible à circonscrire et tant les intentions diffèrent.
Fontaine, le plus célèbre des ready-mades de Duchamp, proposé à la Société des artistes indépendants de New York en 1917, est à l’origine d’une redéfinition de l’art. Duchamp achète un urinoir ordinaire, pour l’envoyer au comité de sélection d’une exposition dont les organisateurs s’engagent à exposer n’importe quelle Å“uvre dès lors que son auteur participe aux frais. Duchamp le retourne, lui donne le titre poétique de Fontaine et le signe Richard Mutt. L’objet possède alors toutes les qualités extrinsèques d’une Å“uvre d’art: un titre, un auteur, un dispositif de présentation. Mais il se voit refusé par le comité de sélection. C’est l’occasion d’une médiatisation habilement orchestrée par Duchamp qui rédigera alors certains de ses propos les plus pertinents et révolutionnaires. Dès lors s’instaure la pensée que dans l’art, l’idée prévaut sur la création.
Fontaine est à l’origine de l’introduction de l’objet usuel, sans qualité supposée, comme oeuvre d’art. L’objet peut, ou pas, avoir subi des déplacements dans son lieu de présentation, des bascules de positionnement dans l’espace, des modifications formelles par adjonction, suppression, masquage de partie, compression, étirement. Il peut être reproduit fidèlement avec ou sans modification d’échelle ou intégré dans un ensemble plus large demandant ou non la main de l’artiste. Quoi qu’il en soit l’objet dans sa forme initiale demeure identifiable pour ce qu’il est, pour sa fonction et conserve souvent les éventuels affects qu’il véhicule. Indirectement, il se charge parfois de nostalgie car il demeure le reflet d’une époque révolue.
Cette exposition aborde les différentes typologies d’actions fréquemment exécutées sur les objets et permet d’interroger le statut de l’œuvre, sa valeur culturelle et sa valeur marchande. Si l’idée prévaut sur la création que vaut une idée, que vaut une signature? En somme, un certains nombre de question demeurent en suspens. Ainsi, la signature est elle l’œuvre et, par effet miroir, que vaut une œuvre sans signature ?