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Histoire de l’art, une discipline à ses frontières

Essai sur la constitution d’une histoire de l’art. Une analyse des origines de cette évolution : de l’art comme appartenant au système des Beaux-Arts au XVIIIe siècle, puis discipline à part entière ayant gagné en autonomie et en liberté au XIXe, jusqu’à son imbrication avec la politique et l’idéologie à l’aube du XXe siècle.

— Auteur : Éric Michaud
— Éditeur : Hazan, Paris
— Année : 2005
— Format : 14 x 21 cm
— Illustrations : aucune
— Pages : 171
— Langue : français
— ISBN : 2-85025-975-6
— Prix : 14 €

Présentation

À l’aube du XIXe siècle, l’histoire de l’art a prétendu se construire comme un champ autonome du savoir. Mais à quel prix ? Moyennant quels partages et quelles exclusions ? Contemporaine du mythe de «l’autonomie» de l’art, cette discipline a voulu lui fabriquer une histoire séparée. Il fallait instituer une temporalité propre à l’art, distincte des autres temporalités de l’histoire, pour assigner des limites à sa liberté proclamée : «L’art doit être libre, et libre de la façon la plus illimitée», déclarait Adolphe Thiers en 1824, alors que se forgeaient les règles d’un nouvel ordre économique et social contraignant.

Il fallait aussi fixer les frontières des races et celles des nations : dans une Europe profondément divisée, l’histoire de l’art, prenant la relève de l’histoire des artistes, fut aussi l’agent actif de la montée des nationalismes et des racismes : l’art devait être l’expression du « génie » d’un peuple, en constituer la mémoire et en assurer ainsi la continuité historique, c’est-à-dire l’identité à lui-même.

Mais, contradictoirement, d’autres frontières temporelles se dessinaient aussi : avec l’effondrement du christianisme, les images cessèrent de projeter un avenir homologue au passé, dont elles avaient témoigné jusqu’alors. Elles furent bientôt investies de la production d’un avenir sans précédent. Nous héritons encore des Romantiques et des saint-simoniens qui firent de l’artiste un prophète et donnèrent aux images ce pouvoir de façonner l’histoire. Il fallait donc tracer les frontières protégeant la singularité de l’art, médiateur de dieux anciens, contre l’universalité technique de la photographie, médiatrice d’un monde encore sans mémoire. Mais la photographie, cet «art du pauvre», acheva d’ébranler du même coup le mythe de l’autonomie de l’art et celui d’un monde séparé de sa représentation, capable de le façonner.
Ressaisie par les frontières qu’elle a prétendu imposer, l’histoire de l’art apparaît bien toujours hors d’elle-même.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions Hazan — Tous droits réservés)

L’auteur
Éric Michaud est directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, à Paris.

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