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Heterotopia

10 Sep - 29 Oct 2011
Vernissage le 10 Sep 2011

Vincent J. Stoker parcourt le monde à la recherche de lieux en perdition, en dégradation et donc en devenir. La décrépitude leur confère une beauté sublime. Les prises de vues effectuées à la chambre dans des conditions souvent difficiles et périlleuses permettent de réaliser de grands tirages qui happent le spectateur et le projettent au coeur même de l’image.

Vincent J. Stoker
Heterotopia

«Je m’intéresse à l’altérité radicale de lieux dont on ne vient plus perturber la lente existence, à ces espaces qu’on laisse là, dépossédés de leurs sens et de leurs fonctions, à ces étendues complètement autres, hors de toute expérience quotidienne.

L’histoire de ces lieux c’est l’Histoire de nos crises, l’Histoire de l’échec de nos projets utopiques. Ils dévoilent l’envers, fonctionnent comme des antimondes, jettent le doute à l’égard de systèmes autophages qui laissent se détruire ce qu’ils ont eux-mêmes construit. Mon travail est de rappeler ces restes, ces ratés, les vaincus oubliés de l’Histoire. Je fais entendre ceux que l’on n’entend pas.

Ma série est un hommage aux petits, autrefois monuments porteurs de grandes espérances. L’humanité est ainsi faite qu’elle fait des erreurs, c’est cela qu’il ne faut pas oublier. Ces mutilations terribles, nous finirons par les aimer. Ces lieux n’ont jamais été aussi beaux qu’aujourd’hui, dans leur déstructuration. La physique fait de l’art en magnifiant les architectures.

Mes photos font l’éloge du labeur lent et méticuleux que l’on doit au temps, cet ouvrier de génie qui émiette nos structures d’acier. Le bâti devient le support de la nature et éveille le sentiment du sublime. La série montre ce qu’il se passe dès que l’homme se retire de ses propres constructions mégalomanes. En cas de disparition, notre civilisation serait très vite oubliée, recouverte de mousse.

Ces lieux me fascinent pour eux-mêmes, pour ce mode propre qui est le leur, celui du doute et de l’inachèvement. Je les surprends à cet instant tangent, quelque part entre vie et mort, croissance et dépérissement, entre être et non-être, perpétuellement au bord de l’effacement. Ils sont des sédimentations, celles du temps accumulé, resserré en eux. Le passé et le futur se rejoignent dans une temporalité qui n’est plus fléchée. Le lieu et l’espace donnent ici à voir le temps, cet éternel irreprésentable.

Ces monstres trapus et monumentaux, vestiges de l’Histoire, nous rappellent l’impermanence de toute chose et la fragilité de nos existences. Peut-on penser Vanité plus puissante que le monument dans sa forme décatie?» (Vincent J. Stoker)

Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Anne Lehut sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.

critique

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