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Hervé Télémaque

Ce livre s’attache à retracer le parcours du peintre français d’origine haïtienne Hervé Télémaque qui fut longtemps associé à la Figuration narrative —mouvement dont il fut l’une des «têtes pensantes» dans les années 60— mais dont l’œuvre prolixe s’est déployée dans bien des directions.

Information

Présentation
Bernard Vasseur
Hervé Télémaque

Hervé Télémaque est né en 1937 à Port-au-Prince, en Haïti. Ayant décidé de devenir peintre, il part à 20 ans à l’Art Student’s League New York, où il demeure 4 ans. Lassé du racisme ambiant, il revient en France en 1961. À Paris il rencontre André Breton et les Surréalistes, mais c’est avec Bernard Rancillac et d’autres qu’il s’engage dans la voie de la Figuration narrative et flirte avec l’esthétique «pop».

Il ne cessera par la suite d’ouvrir d’autres pistes à sa recherche (collages, «sculptures maigres», objets, assemblages, fusain) tout en restant fidèle à l’acrylique depuis 1966. Régulièrement invité aux plus grandes expositions dans les meilleurs musées ou galeries du monde, il honorera nombre de commandes publiques, et constituera pièce après pièce, série après série, une œuvre marquante. Il expose régulièrement Galerie Louis Carré (Paris) et vit et travaille en région parisienne.

On associe souvent son nom à celui des peintres de la Figuration narrative dont il contribua, en effet, à former le projet avec quelques autres dans le milieu des années 1960 (Exposition «Mythologies quotidiennes», 1964, Paris). Mais l’œuvre de Télémaque s’est déployée avec une belle constance dans bien des directions, avec bien des matériaux et selon une riche prodigalité de styles.

Homme de plusieurs continents (Haïti, New York, Europe), héritier d’une longue histoire (Traite des Noirs, esclavage), ce citoyen du monde situe son travail non dans le récit d’une anecdote ou la chronique de l’époque, mais dans l’exploration du sens de l’aventure humaine. Ami des poètes, il est lui-même un poète de la toile, des couleurs, de la constitution d’objets paradoxaux et d’assemblages. Il n’a cessé de surprendre, ne se trouvant jamais là où on l’attend, déclarant s’ennuyer ferme s’il avait à se répéter et le prouvant en renouvelant sans cesse sa quête picturale. Ce livre s’attache à retracer son parcours en tentant de permettre au lecteur de s’y joindre par le plaisir de la découverte et la plénitude du regard.

«Hervé Télémaque a parfaitement compris —lui, l’Haïtien, le «sous-développé»— qu’à la différence du capitalisme industriel du XIXème siècle, une société comme la nôtre ne produit plus seulement une abondance de marchandises, mais une multitude d’affects, d’envies, de goûts, de modes, qu’elle s’emploie à formater en les faisant partager au plus grand nombre. Il a bien perçu que le cœur du pouvoir, ce n’est plus seulement l’usine (où l’on fabrique les choses), mais surtout les world companies de la publicité, de la télévision, des medias, de la «consommation» et du marketing qui elle, à travers des images, vendent des «lieux communs», des rêves clichés, des modes de vie standard, des manières de pensée rabougries. Et il estime que ce fait nouveau pose des problèmes inédits aux peintres. Dès lors, il va montrer des objets, les accumuler, (ses fameuses «Combine paintings»), les faire «jurer» entre eux, déceler leurs contradictions, pour mieux rendre sensible cette capture insidieuse des imaginaires, ce repli des affects sur les choses du marché, cette domestication sournoise des consciences et leur fixation sur les goûts du jour, le dernier cri, le plus vendu, le best seller. Bref une vie plate, petite, soumise à l’utile, sans appel du large ni ouverture à l’infini.»
Extrait

Bernard Vasseur, enseigne la philosophie et dirige le Centre de Recherche et de Création Elsa Triolet-Aragon dans les Yvelines.

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