Hervé Télémaque
Hervé Télémaque
Avec soixante-quatorze peintures, dessins, collages, objets et assemblages, la rétrospective inédite que le Centre Pompidou consacre à l’œuvre d’Hervé Télémaque, permet d’embrasser le parcours de cet artiste français d’origine haïtienne et s’attache à restituer toute la diversité et la cohérence, de la fin des années 1950 à nos jours, d’un œuvre exigeant et d’une indéniable force plastique.
Après un séjour de trois années à New York où il se familiarise notamment avec l’expressionnisme abstrait, qui influence ses premières peintures à la gestualité affirmée, Hervé Télémaque s’installe à Paris en 1961. Il se rapproche alors du groupe surréaliste. Sur la toile, il orchestre la rencontre d’objets empruntés à la société de consommation et à la culture populaire, provoquant de réjouissants «courts-circuits visuels».
Relevant de ces «Mythologies quotidiennes» qui donnent leur nom à une exposition marquante en juillet 1964 dont Hervé Télémaque est l’un des organisateurs avec Bernard Rancillac, ses peintures, souvent à forte teneur biographique, se construisent comme des enchaînements métaphoriques à portée critique, entre contre-culture et anticolonialisme. Elles explorent aussi les relations complexes entre image et langage.
A l’instar d’autres artistes du mouvement de la Figuration narrative, dont il devient un protagoniste essentiel, Hervé Télémaque se convertit à la peinture acrylique et à l’épiscope, qui l’amènent à «refroidir» son style et à privilégier aplats et tracés réguliers. A cette époque, Hervé Télémaque remet aussi en cause le support traditionnel de la peinture en usant de châssis articulés aux formes ou aux matériaux atypiques, parfois posés à même le sol. En 1968, il cesse de peindre pour se consacrer à la production de déroutantes «sculptures maigres».
Lorsqu’il revient à la peinture avec la période des «Passages» en 1970, Hervé Télémaque se confronte pour la première fois au collage dont il renouvelle les modalités courantes. En témoignent les séries des «Selles» et des «Maisons rurales» qui mettent en évidence le processus même de leur réalisation.
Durant les années 1990, l’artiste entreprend une série de grands dessins au fusain, dont les formes sombres et la découpe élaborée dialoguent avec une importante production de reliefs en bois de récupération recouverts de marc de café.
Les années 2000 sont celles d’un nouveau regard porté sur le monde, à la suite d’un retour aux sources africaines. Des allusions fréquentes à la «négritude» et des commentaires plus précis sur l’actualité politique française se font alors jour. Au milieu de la décennie, Hervé Télémaque fait un retour inattendu et fécond à une nouvelle et saisissante forme de picturalité.
Les œuvres présentées dans l’exposition, 35 peintures, 11 collages, 9 dessins, 12 objets et 7 assemblages proviennent, pour la plupart, de collections publiques françaises. Une récente donation de l’artiste est venue compléter la collection du Centre Pompidou; elle est largement présentée au public à travers cette exposition.
Vernissage
Mercredi 25 février 2015
critique
Hervé Télémaque