DANSE | SPECTACLE

Héroïne

02 Déc - 04 Déc 2015
Vernissage le 02 Déc 2015

Héroïne est un spectacle créé par Philippe Ménard en collaboration avec la danseuse américaine Asha Thomas, également interprète de la chorégraphie. Héroïne est vu comme une prolongation du spectacle Air, imaginé par le chorégraphe en 2013 et présenté du 10 au 12 décembre 2015 au théâtre Romain Rolland, à Villejuif.

Philippe Ménard
Héroïne

« Héroïne se situe dans le prolongement de ma dernière pièce Air (créée en 2013). Il s’agit d’un travail de recherche sur la beauté du geste vain qui s’attache avant tout à la mise en mouvement et non à l’objectif.

On a tous un jour rêvé de voler, c’est impossible, hélas, mais c’est la tentative toujours réitérée, au risque de se brûler les ailes, qui me touche et c’est, avant tout, à partir de cet élan que j’avais envie de travailler. Une autre dimension de ma précédente création tient à l’exploration de ce que j’ai appelé «les délires de salle de bain», ces moments d’intimité où on est seul chez soi et où on « se prend pour » une rock star, un chef d’orchestre (…) tout en ayant conscience qu’on ne l’est pas. On «joue à être», on est pleinement engagé dans cet acte et c’est cet endroit de vie intense que j’avais envie de convoquer.

Le travail avec Asha Thomas pour cette création Héroïne se situe dans la continuité. Je voulais créer un solo pour et avec elle et pousser plus loin du côté de la fiction : continuer ce jeu de masques à «se prendre pour», en creusant du côté de la figure mythologique, du personnage historique, du héros de BD ou de film (…) et d’en faire
émerger une nouvelle figure, fantasmée ou fantasmagorique, afin de créer «notre» propre héroïne.

Comme cette figure du héros ou de l’héroïne ne peut se construire qu’à travers les épreuves initiatiques qu’elle affronte, à travers son épopée, j’ai voulu construire avec la danseuse une sorte d’épopée intime, un parcours qui lui permette de se laisser traverser par certaines de ces images jusqu’à se confondre avec elles. Cette traversée amène l’interprète jusqu’au climax, dans une sorte de vertige devant le flot d’images ingérées et devant l’immensité des possibles, avant d’ouvrir sur le tableau final, fausse résolution assumée permettant une mise en abyme.

Le travail de l’interprète est ici double puisque entre elle et ces personnages fictifs s’immiscent mes propres fantasmes, comme des projections qui donnent sa direction et orientent le travail chorégraphique. Je n’ai absolument pas voulu faire de choix hiérarchique entre figures «nobles» et figures triviales et j’ai librement navigué entre subjectivité et imaginaire collectif, du cliché au sublime. C’est la multiplicité des images et leur superposition qui m’intéressent, une addition de facettes, toutes pleinement assumées, qui soustraient l’héroïne à un regard et une interprétation uniques, à une image trop réductrice.

«Se prendre pour» c’est le refus de se laisser réduire à un vécu, c’est aller, à travers nos fantasmes et désirs d’impossibles, à travers une mise en scène de soi salvatrice, à la rencontre de ce qui nous parle, nous touche, résonne en nous de l’autre, qu’il soit réel ou fictif. Ce besoin de métamorphose qui se fait jour dans la tentative d’incarnation de l’autre prend profondément appui quelque part en nous, il parle indéniablement de nous comme une façon d’explorer et de démultiplier ce que nous sommes. »

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