En partenariat avec le Théâtre de la Ville, le Théâtre des Abbesses présente un double programme proposant Hérétiques de la chorégraphe argentine Ayalen Parolin et Ode to the Attempt du danseur et chorégraphe belge Jan Martens.
Hérétiques
Pièce créée en 2014, Hérétiques est un duo dans lequel les danseurs sont accompagnés par la compositrice et pianiste Léa Pétra. Hérétiques poursuit et prolonge en quelque sorte le solo 25.06.76 écrit en 2004, une pièce autobiographique qu’Ayelen Parolin a d’abord voulu être «une carte de présentation» indiquant les liens étroits entre ses origines et son travail chorégraphique. Ce solo a constamment évolué car, dit-elle, «je remets en question mon rapport au corps, à la scène, à ce que j’ai fait. C’est à la fois ma toute première création et une oeuvre qui inclut tout le reste de mon travail.» Seule sur scène et sans accompagnement musical, 25.06.1976 offre à Ayelen Parolin une grande liberté d’exécution semblant contraster avec l’implacable rigueur recherchée d’Hérétiques.Â
Hérétiques est en effet une pièce à la chorégraphie minutieusement structurée. Composée de trois cent dix mouvements numérotés répartis en groupes de dix, la pièce joue de variations de cette même organisation. Ainsi les deux interprètes commencent-ils par un mouvement répétitif des bras, allant de haut en bas, puis s’inversant. Par la suite, apparaissent des variations d’espace et de rythme, d’abord imperceptibles et dont la présence ne cesse de se faire sentir. Cette danse parfaitement réglée impose donc aux danseurs «une gestuelle géométrique complexe et précise, oscillant en crescendo entre canon et unisson. Jusqu’à leurs limites, pour voir à cet endroit-là ce qui pourra advenir.» Moment où la mécanique des corps peut laisser place à une plus grande liberté.
Ode to the Attempt
Deuxième pièce présentée, Ode to the Attempt de Jan Martens est un solo en forme d’autoportrait. Contrastant avec sa création précédente pour huit danseurs, The Dog Days Are Over, Ode to the Attempt est un véritable retour à soi : «J’y fais ce que j’aime, danser, sur la musique que j’apprécie. Je donne au public un aperçu de mon ordinateur qui est tristement mon compagnon la plupart du temps !»
Sur scène, Jan Martens se présente donc seul devant son ordinateur, rédigeant dix propositions chorégraphiques projetées sur le mur situé derrière lui. N’est-ce pas là une manière de partager ses intentions sous forme de tentatives successives immédiatement accessibles à tous : «tentative de vous rendre conscient de ce qui va arriver», «tentative de commencer à bouger», «tentative de trouver une image qui restera gravée dans vos mémoires» ? Ode to the Attempt oppose donc aux pièces précédentes, plus précices et rigoureuses, une plus grande liberté d’exécution en privilégiant une communication instantanée avec le public.