Henry Darger
Suite à un don exceptionnel de 45 œuvres de la succession Darger en 2012-2013, le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris consacre une exposition à l’une des figures mythiques du XXe siècle: Henry Darger (1892-1973). Complétée par des prêts d’institutions internationales, l’exposition «Henry Darger» recrée le monde imaginaire de l’artiste reconnu aujourd’hui comme l’un des représentants majeurs de l’art brut. Autodidacte et longtemps resté en marge du monde de l’art, Henry Darger a créé un monde singulier et étrange, mêlant imaginaire, récit historique et culture populaire américaine dans une œuvre unique.
L’exposition rend compte des différents ensembles de cette œuvre, découverte quelques mois avant sa mort: grands panneaux narratifs recto verso, drapeaux, portraits de personnages, ainsi que le chef-d’œuvre Battle of Calverhine montré pour la première fois en France. Cette œuvre de trois mètres de long représente la bataille inaugurale de la saga dargerienne ayant pour objet la révolte des enfants esclaves.
Né en avril 1892 à Chicago, Henry Darger, très tôt orphelin de mère, est placé dans un foyer pour handicapés mentaux. Il s’enfuit pour rejoindre à pied Chicago qu’il ne quittera plus, vivant de différents emplois modestes dans les hôpitaux. C’est pendant son temps libre, souvent la nuit, qu’il se livre à son grand œuvre, dans une vie solitaire jusqu’à sa mort en 1973.
Henry Darger produit en secret une œuvre littéraire et picturale d’une ampleur exceptionnelle: un roman de plus de 15 000 pages dont le récit épique connu sous le titre The Realms of the Unreal (Les Royaumes de l’Irréel), est illustré par de grandes compositions (dessin, aquarelle et collage). Cette épopée relate l’histoire d’une guerre sans fin ayant pour origine la rébellion des enfants opprimés par le peuple des Glandéliniens. Une révolte soutenue par les Angéliniens, dont les aventures des héroïnes les Vivian Girls, sept petites filles, sont au cœur du roman.
La vie et l’œuvre de Henry Darger ont inspiré des générations d’artistes comme les frères Chapman, Paul Chan ou Peter Coffin ainsi que des auteurs contemporains comme Jesse Kellerman, Les Visages, ou Xavier Mauméjean, American Gothic. Cet engouement témoigne de la fascination qu’il génère depuis plusieurs années.
Cet événement sera accompagné d’une publication de référence sur le sujet comportant différents essais sur la vie et l’œuvre de l’artiste, de témoignages et d’un dictionnaire permettant de comprendre l’univers complexe de la mythologie de l’artiste. L’exposition «Henry Darger» est réalisée grâce aux prêts du MOMA de New-York, de la Collection d’Art Brut de Lausanne et de collections privées.