Henni Alftan
La première exposition personnelle de la plasticienne Henni Alftan aura lieu à la rentrée 2014 à la galerie Claire Gastaud. Seront regroupées pour la première fois au sein d’une même exposition, une trentaine d’œuvres récentes de l’artiste, issues de différentes séries: Surfaces — A Cover Up (2014); The Spill and The Stain (2013-2014); Amnesia (2013); A Face With a View (2012-2014); The Visible World / Du monde visible (2012) et Série noire (2011).
«Je réfléchis sur l’apparition d’image, sur le rapport qu’il a à la chose, objet, matière et médium, qui l’incarne. Selon Duchamp, en général, un tableau est l’apparition d’une apparence. Ma façon de peindre est gestuelle mais maniérée, car le maniérisme vise moins à représenter l’objet qu’à manifester l’artifice de l’art, à mettre l’art en représentation. J’essaye de faire de chaque pièce une image critique de soi-même. Ou même, qu’il soit la chose et son image à la fois. Ainsi chez moi la peinture et ce qu’elle figure sont dans un étroit rapport de mimésis, aussi bien par rapport à l’histoire de la peinture et de ses images, qu’aux qualités physiques de la peinture en soi.
La bienveillance du regard, à voir images dans de simples coups de pinceaux ou taches, tient de sa nécessité de tout interpréter. Nous donnons sans cesse du sens à tout ce que nous apercevons, à un monde qui en est dépourvu. L’apparition des images (ombre et lumière, formes en espace) dans la masse de la peinture, fait qu’on sera tenté de peindre comme on regarde les nuages. Mais je me suis toujours aspiré a une pratique de la peinture qui sera plus analytique qu’expressive, et préfère donc plutôt décoder ces phénomènes que de me laissée emporté par elles.
Je fais une peinture figurative, une peinture qui cherche à susciter l’illusion visuelle de la présence spatiale. La perspective est le corrélat visuel de la causalité: les choses se disposent les uns derrière les autres selon des règles. Est-ce que le monde est comme il me paraît? Je n’en perçois que la surface des choses. La perception n’est rien sans son interprétation. Au fond c’est l’imagination qui nous lie au réel. Pour comprendre le mécanisme du reconnaissable, parfois mes images frisent l’abstrait. Il s’agit d’expérimenter sur la valeur représentative de la forme. Parfois je me sers des images simples, d’abécédaire, à caractère exemplaire, car ils ont la double fonction de montrer et nommer à la fois». Henni Alftan