L’exposition « Helter Skelter (Une copie sans modèle) » présente au Fonds régional d’art contemporain des Pays de la Loire le travail d’un jeune artiste à la pratique protéiforme, Yoan Sorin.
Des installations issues de performances aux allures de corps à corps
Le parcourt déroule un ensemble de sculptures, installations, performances, peintures et dessins à la manière d’un carnet de bord. De leur hétérogénéité naît une cohérence, comme entre les événements disparates d’un journal intime.
L’installation Frapper, creuser, résultat d’une performance réalisée cette année, est composée d’une imitation de sac de frappe pour punching ball en plâtre recouvert de tissu et de peinture coulante. Largement entaillé et rogné à mi-hauteur, le sac est entouré des débris de matière qu’il a perdus. Au mur s’étalent les instruments qui ont servi à la performance, des bandages pour mains, un maillot et des poings américains. La performance consistait à frapper à l’aide des ces derniers la sculpture en forme de sac de frappe pour en faire jaillir divers matériaux et objets. Suivant une démarche similaire, l’installation Si j’existe je ne suis pas un autre est aussi le fruit d’une performance aux allures de corps à corps. Des blocs de glaise ont été malaxés, frappés, travaillés, tachés de peinture noire jusqu’à l’exténuation par Yoan Sorin, dans un processus profondément charnel mettant en jeu les questions de l’identité et du colonialisme.
 « Helter Skelter » : pêle-mêle de matières, de références, d’identités
Ailleurs, sur un portant à roulettes sont accrochées cinq chasubles enduites de plâtre et de peinture formant, vêtement par vêtement, un dégradé du blanc vers le noir. Qu’elles soient performances, installations, sculptures ou peintures, à travers les œuvres de Yoan Sorin se lit leur mode de création. Elles forment les motifs visibles, concrétisés sous la forme de métaphores ou d’énigmes, d’une prise de notes quotidienne mêlant observation acerbe du monde et repères personnels.
Le titre de l’exposition, « Helter Skelter » est emprunté à une chanson des Beatles et peut se traduire par « toboggan » mais aussi par « pêle-mêle » ou « désordonné ». Il renvoie ainsi directement au processus créatif de Yoan Sorin, volontiers discontinu tant dans ses supports que ses matériaux et ses références, et générateur d’une œuvre morcelée. Une fragmentation qui fait de tout objet et surface un espace de projection et de retranscription d’un monde cosmopolite fait d’identités éclatées.