L’exposition « Matrice » organisée par le SHED, centre d’art contemporain de Normandie, ouvre un dialogue en deux volets entre patrimoine industriel et création contemporaine. Elle prend sa source dans l’opération de préservation du patrimoine industriel qu’a entreprise le SHED suite à la fermeture de l’entreprise Senard Fonderie Mécanique, après près de cent trente années d’activité à Maromme, près de Rouen. L’équipe et les artistes du SHED ont en effet alors décidé de récupérer, inventorier, nettoyer puis exposer l’important stock de pièces en bois (prototypes et moules) laissés par l’entreprise afin de préserver ces témoins d’une industrie passée.
« Matrice » : dialogue entre patrimoine industriel et création contemporaine
Présentée dans deux lieux emblématiques de l’histoire industrielle rouennaise, à savoir : le SHED, ancien atelier de l’usine Gresland à Notre-Dame de Bondeville, et L’Académie, hôtel particulier du XVIe siècle à Maromme, l’exposition « Matrice » part de la découverte de ce stock de modèles pour engager une réflexion autour des conventions qui distingue l’original de la copie, le moule du tirage, l’objet de l’œuvre. Au SHED, c’est le patrimoine qui est à l’honneur avec une exposition sans Å“uvre ni artiste, tandis qu’à L’Académie une exposition collective regroupe des Å“uvres d’Héloise Bariol, Jonathan Loppin, Guy Lemonnier, Bevis Martin et Charlie Youle, Josué Rauscher , Jérôme Poret et Collection anonyme.
Des pièces industrielles hissées au rang de collection au SHED
Le stock de pièces industrielles présentée au SHED est hissé au rang de collection. Il surprend par la grande richesse et la variété des objets qui le composent. Ces objets en bois, souvent peints pour être protégés, sont donc colorés et revêtent parfois un aspect métallique argenté dû à des traces d’un agent démoulant. Minutieusement taillés, souvent séparables en deux parties qui s’emboîtent parfaitement, ils portent un sens et correspondent à une fonction précise.
Parmi les Å“uvres réunies à L’Académie, l’ensemble Contre forme de la céramiste Héloïse Bariol a pour point de départ des piliers d’enfournement, des moules en résine et des formes en sable réfractaire dont naissent des formes abstraites. L’installation Produire l’informe. Ecumoirs louches, racloirs et crasse de Jonathan Loppin vient clore un an de résidence au sein de la fonderie de l’usine Renault Cléon en Seine-Maritime et fait dialoguer des outils de production réformés et autres un déchets collectés dans l’entreprise et transportés du monde du travail à celui de l’art.