Not Vital
Heads / Têtes
Parcourant les frontières entre formes abstraites et figuratives, l’exposition «Heads/Têtes» rassemble des œuvres récentes qui témoignent de l’inflexion donnée à la démarche créative de Not Vital depuis qu’il s’est procuré un atelier en Chine en 2008. La représentation de têtes, humaines ou autres, est un thème récurrent de son art, qu’il s’agisse de sculptures, de dessins ou de peintures, y compris la remarquable série de portraits commencée peu après son premier séjour en Chine.
C’est en décembre 2009 que Not Vital a entrepris une suite de portraits peints qui semble annoncer les sculptures exposées à la galerie. L’artiste trouve simplement ses modèles parmi les personnes qui composent son quotidien: ses assistants, ses amis et collègues dans le village d’artistes de Caochangdi, au nord-est de Pékin.
Ces portraits éliminent souvent le reste du corps pour isoler le visage peint en noir, dont la monochromie trouve un écho dans les Têtes sculptées. Malgré leur exécution rapide et leur aspect flou, ils offrent une image du modèle saisissante de véracité. Les sculptures de Not Vital, certes très éloignées de ses peintures par leur surface lisse et brillante, présentent la même économie de détails qui oblige à les examiner attentivement. Ces Têtes sculptées comptent parmi les formes les plus abstraites qu’il ait créées à ce jour. Les traits du visage y sont parfois réduits à quelques vagues indications subtiles, interdisant toute identification précise pour mieux s’imposer dans leur universalité emblématique. La série comprend tout de même quelques Têtes plus individualisées, notamment Head: Li Gao (2013), ainsi qu’un Head: Autoportrait (2013).
Les formes sculptées creuses, posées à même le sol, y prennent appui fermement. Ce mode de présentation dépouillé renforce encore le sentiment que ces œuvres se réduisent à leur plus simple état d’existence. La parcimonie des détails dans les Têtes rappelle le vocabulaire plastique simplifié des peintures et des sculptures préhistoriques. Pourtant, leur facture soignée et leur esthétique, loin de tout archaïsme, sont indéniablement de leur époque. Le revêtement, appliqué sous vide par un procédé de dépôt physique en phase gazeuse, enrobe les reliefs convexes et concaves d’une même pellicule brillante qui se couvre de reflets. La double sensation de recul et d’avancée semble à certains endroits aspirer la surface dans une spirale et la projeter brusquement vers l’extérieur à d’autres.
Le spectateur, captivé par les formes brillantes, se perd dans leurs innombrables reflets, tout en étant tenu à l’écart par la froideur lisse du traitement de surface. Ces effets obtenus grâce aux technologies de pointe ont le don de fasciner l’artiste. Il apprécie tous les jours la facilité avec laquelle on peut les explorer dans la Chine industrialisée.