Haussmann

Qui se cache derrière cette énigme ? Un jeune céramiste, Grégoire Scalabre, qui introduit l’architecte du Second Empire dans son univers poétique. Pendant sa résidence à Sèvres, il fait un voyage dans la sensualité de la mémoire et interprète la prééminence de ces éléments d’architecture obsédants comme les moulures monotones des appartements haussmanniens, ces modèles de logements bourgeois, si précis, si engagés dans une structure figée de la société (les moulures étant réservées aux pièces de réception alors que les couloirs et les offices en sont dépourvus). Une charge émotionnelle peut-être liée aux souvenirs du jeune céramiste).

Le thème de la moulure est un beau sujet. Elle marque une distinction sensible entre les logements modernes ou populaires et l’architecture d’une société nouvelle et prospère, constituée au XIXe siècle. L’interprétation de Grégoire Scalabre, est décalée, sensible. Il interprète l’élément décoratif architectural de staff ou de stuc, avec la fragilité de sa main, en mettant à l’épreuve la technique de la manufacture nationale de Sèvres, la pâte tendre de la porcelaine. Il recompose avec une qualité remarquable des portions d’architecture, un temps suspendu d’une blancheur immatérielle à la fascinante douceur. Il y introduit une variation ténue, formes d’ondulations qui placent le travail de création dans la tradition du métier en un éloge de la facture manuelle et artistique.

Les pièces présentées à la galerie sont des pièces uniques. L’ une d’entre elles sera sans doute produite à quelques exemplaires en porcelaine émaillée de couleur verte, dans l’esprit des faïences du métropolitain, encore un symbole fort, un hommage à un monument du paysage parisien.

Grégoire Scalabre est un voyageur conscient de son temps, un passeur d’émotions. Il traduit avec un talent sans cesse renouvelé la fragilité de la céramique et la délicatesse de la matière.