L’exposition « Images contre elles-mêmes » au Centre Pompidou réunit douze vidéos et installations d’Harun Farocki, réalisateur et scénariste allemand majeur qui s’est livré jusqu’à sa disparition en 2014 à une entreprise de désobstruction des images et à une lecture critique et poétique du XXe siècle et du début du XXIe.
Harun Farocki, un analyste critique des images contemporaines
L’exposition s’inscrit dans une rétrospective de l’œuvre d’Harun Farocki que présente le Centre Pompidou, un événement qui rend compte de son ampleur tant quantitative que formelle et thématique. Entre 1966 et 2014, l’artiste a réalisé plus de cent-vingt films et installations qui revêtent une grande diversité et originalité de formes et abordent des champs d’investigation aussi variés que la lisibilité et l’instrumentalisation des images, l’économie, la guerre et le travail.
L’exposition « Images contre elles-mêmes » présente douze vidéos et installations qu’Harun Farocki a réalisées au cours des trente dernières années et qui illustrent son analyse critique des images contemporaines. Issues de domaines aussi divers que le cinéma, les médias, les jeux vidéo, le marketing et le management, l’armée ou encore les technologies de surveillance, les images sont pour Harun Farocki un sujet de méfiance car, comme les mots, elles s’inscrivent « dans des discours, des réseaux de significations. » L’enjeu de sa démarche est « d’aller à la recherche d’un sens enseveli, de déblayer les décombres qui obstruent les images. »
« Images contre elles-mêmes » : vidéos et installations enseignent la méfiance face aux images
La vidéo intitulée Mots-titres, images-choc. Une conversation avec Vilém Flusser, réalisée en 1986, montre une interview du philosophe des médias Vilém Flusser par Harun Farocki autour d’une une du tabloïd allemand Bild Zeitung. Elle démontre comment l’impact visuel violent de la typographie et l’absence de délimitation claire entre les images et le texte entraînent une lecture sans distance critique. Avec la vidéo L’expression des mains, Harun Farocki se livre à une analyse de la façon dont les mains ont été filmées à travers l’histoire du cinéma, et de ce qu’elles représentent, de la poésie visuelle du geste dans les films muets à l’exaltation du travail manuel dans les films de propagande allemands et américains à l’époque de la Seconde Guerre mondiale.
L’installation Section créée en 1995 marque un tournant dans la pratique d’Harun Farocki qui entre avec elle dans le champ des arts plastiques d’abord conçue pour le cinéma et la télévision, elle adopte alors la forme d’installations spatialisées. Composée d’un diptyque vidéo sur deux téléviseurs, l’œuvre met en place un dispositif qui place le spectateur dans une situation semblable à celle du cinéaste en salle de montage : il doit comparer deux images, choisir entre elles. En intégrant dans l’installation certaines de ses vidéos antérieures, Harun Farocki dresse une sorte d’autoportrait qui met à distance son propre travail d’auteur.