Harry Gruyaert

Présentation
Harry Gruyaert, François Hébel
Harry Gruyaert

Harry Gruyaert décrit la photographie comme une expérience physique, un état d’excitation. Héritier de la tradition américaine incarnée par Saul Leiter, Joel Meyerowitz, Stephen Shore ou William Eggleston, très influencé par le cinéma, Harry Gruyaert a su créer une palette chromatique extrêmement personnelle, un rouge dense, un vert qui vibre, une manière de découper la lumière et ses ombres dans le cadre.

Qu’il s’agisse de la Belgique, du Maroc, des États-Unis, de Paris ou de Moscou, aucun sujet ne compte en tant que tel. Tous constituent des réservoirs d’inspiration et d’impressions rétiniennes. À Anvers, alors qu’il joue au foot en culotte courte, Harry Gruyaert va chercher le ballon dans les hautes herbes qui lui caressent les cuisses. La lumière est belle, son esprit s’échappe du terrain. Le photographe décrit ce moment comme une libération des sens, comme le point de départ de sa quête de sensation.

Cette monographie offre une incursion dans l’œuvre d’un des photographes les plus talentueux de l’agence Magnum et révèle un cheminement personnel à travers la couleur. Les images qui la composent proposent un autre territoire pour la photographie: une perception émotive, non narrative et radicalement graphique du monde.

Cet ouvrage est publié à l’occasion de la rétrospective consacrée à Harry Gruyaert à la Maison européenne de la photographie à Paris, du 15 avril au 14 juin 2015.

«Harry Gruyaert dit qu’en Belgique il a mis du temps à découvrir la couleur. Cette lumière où le vert et le bleu pâle dominent fait désormais partie de son nuancier.
Il la retrouve plus tard en Russie. Alors que Paris semble d’une modernité désuète faite de formica usé, ses voyages méditerranéens ou en Inde sont l’occasion de teintes plus veloutées, tandis que le Japon et les Etats-Unis révèlent pour leur part des couleurs nettement tranchées, plus incisives.
Quant aux aéroport que Gruyaert photographie au gré de ses voyages, ils semblent ne baigner que dans les lumières des soleils couchants. “La couleur est plus physique que le noir et blanc, on a davantage envie de comprendre ce qui se passe entre les personnages. Avec la couleur on doit être immédiatement affecté par les différents tons qui expriment une situation.”

Dans l’œuvre d’Harry Gruyaert, et curieusement moins en Belgique qu’ailleurs, les personnages sont souvent réduits au rang de silhouettes, souvent de dos ou sans visage. Ce qui pour d’autres constituerait le stigmate d’une photo ratée est une revendication affirmée: “Je suis intéressé par la banalité du quotidien, les objets autant que les humains” explique-t-il, “je me sens beaucoup plus proche d’une démarche photographique américaine que de la photographie humaniste française.”

L’humanité n’est pas absente de son travail. Elle est conjuguée à un environnement souvent urbain, figée au milieu d’un décor que la couleur et la lumière animent et découpent. Certaines séries sont très dépouillées et d’autres images font montre d’une construction très complexe.
Ce sont des essais de palettes différentes, cette recherche de densité dans le cadre, qui obligent à parler d’expérimentation davantage que de posture documentaire ou narrative, et qui fondent une démarche purement photographique à travers des images qui peuvent se suffire à elles-mêmes. “Faire une photo, c’est à la fois chercher un contact et le refuser, être en même temps le plus là et le moins là”, répète-t-il régulièrement.»

François Hébel

Sommaire
— Harry Gruyaert photographie les couleurs, c’est sa façon de percevoir le monde, par François Hébel
— Œuvres
— Pas d’idées sinon les choses, par Richard Nonas
— Légendes des œuvres
— Remerciements
— Biographie