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Hardcore, vers un nouvel activisme…

Très intéressants entretiens autour de l’exposition « Hardcore » qui se situe à l’intersection de l’art et de l’action sociale et politique. Il est moins question d’un art politique que de travaux sociaux, économiques et politiques, qui se déploient hors du champ de l’art, tout en mobilisant certains des moyens de l’art.

— Éditeurs : Cercle d’art, Paris / Palais de Tokyo, Paris
— Année : 2003
— Format : 26 x 19,50 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 208
— Langues : français, anglais
— ISBN : 2-7022-0689-1
— Prix : 38 €

À voir, le site de l’exposition « Hardcore »

À lire, l’éditorial du 6 mars 2003 d’André Rouillé sur « Hardcore »

Hardcore, vers un nouvel activisme
par Jérôme Sans (pp. 6-7)

À l’heure de l’obsession d’une montée de violence, des débats permanents sur l’insécurité ou sur la menace terroriste, « Hardcore » questionne la radicalité et la « violence », notions présentes aujourd’hui dans le travail de nombreux artistes contemporains qui développent une attitude proche d’un certain activisme.

Le terme « Hardcore » s’applique à la façon dont les artistes présentés dans l’exposition infiltrent la réalité, occupent d’une certaine manière le terrain de l’actualité et renvoient l’expression d’une vérité crue, livrée sans formatage médiatique préalable avec la virulence d’un propos verbal et visuel qui démasque et fustige les initiatives sociales et politiques démagogues.

Cette exposition s’articule autour du travail d’une dizaine d’artistes de générations et de nationalités différentes qui, seuls ou en groupe, dessinent un nouvel activisme qui n’est plus dans la logique contestataire des années 1960 et 1970, même si ces artistes en sont issus. Ces héritiers de la chute des idéologies sont des activistes « isolés » qui ne forment pas ensemble un mouvement organisé. Ce sont autant de stratégies individuelles, de « groupuscules » contestataires qui repositionnent un des versants de l’art comme un levier de transgression, pour brouiller les cartes et mieux infiltrer les incohérences et les déviances du système. L’art comme métaphore de positions, de résistances.

Il ne s’agit plus pour eux de produire simplement une forme ou de faire en effet, mais d’être un fait du réel, l’hyperbole de la brèche laissée béante par les médias, le social ou le politique. L’œuvre devient une matière à réagir, à interrogations, plus qu’à contemplation.

Si les artistes ont toujours été des « hackers du réel », ceux réunis dans l’exposition proposent un langage et une forme d’intervention qui tend vers un nouvel activisme, parce qu’ils tentent de transmettre, à l’instar d’une radio pirate, une vision critique et alternative d’un contexte social, économique et politique. À chaque fois, l’action et l’œuvre de ces artistes tiennent lieu de manifeste. Un manifeste qui, la plupart du temps, reste dans la sphère symbolique de l’écriture artistique, mais qui parfois déborde et suscite de vrais débats. Ces artistes ont souvent des positions extrêmes, jouent avec les limites et décuplent la charge polémique de l’art et son impact dans la société et ses zones de pouvoir.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions du Cercle d’art)

Les auteurs
Jérôme Sans est co-directeur du Palais de Tokyo, site de création contemporaine et commissaire de l’exposition « Hardcore ».
Roberto Pinto est né en Italie.
Jota Castro, artiste, est né au Pérou.

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