Jota Castro, Shu Lea Cheang, Minerva Cuevas, Alain Declercq, Etoy.Corporation, Kendell Geers, Johan Grimonprez, Guerrilla Girls On Tour, Clarisse Hahn, Henrik Plenge Jakobsen, Gianni Motti, Anri Sala, Santiago Sierra, Sislej Xhafa, Michel Dector Michel Dupuy, Ocean Earth, AAA Corp
Hardcore. Vers un nouvel activisme
À l’heure de l’obsession d’une montée de violence, des débats permanents sur l’insécurité ou sur la menace terroriste, «Hardcore» questionne la radicalité et la «violence», notions présentes aujourd’hui dans le travail de nombreux artistes contemporains qui développent une attitude proche d’un certain activisme.
Le terme «hardcore» s’applique à la façon dont les artistes présentés dans l’exposition infiltrent la réalité, occupent d’une certaine manière le terrain de l’actualité et renvoient l’expression d’une vérité crue, livrée sans formatage médiatique préalable avec la virulence d’un propos verbal et visuel qui démasque et fustige les initiatives sociales et politiques démagogues.
Cette exposition s’articule autour du travail d’artistes de générations et de nationalités différentes qui, seuls ou en groupe, dessinent un nouvel activisme qui n’est plus dans la logique contestataire des années soixante et soixante-dix, même si ces artistes en sont issus. Ces héritiers de la chute des idéologies sont des activistes «isolés» qui ne forment pas ensembles un mouvement organisé.
Ce sont autant de stratégies individuelles, de «groupuscules» contestataires qui repositionnent un des versants de l’art comme un levier de transgression, pour brouiller les cartes et mieux infiltrer les incohérences et les déviances du système. L’art comme métaphore de positions, de résistances. Il ne s’agit plus pour eux de produire simplement une forme ou de faire effet, mais d’être un fait du réel, l’hyperbole de la brèche laissée béante par les médias, le social ou le politique. L’œuvre devient une matière à réagir, à interrogations, plus qu’à contemplation.
Si les artistes ont toujours été des «hackers du réel», ceux réunis dans l’exposition proposent un langage et une forme d’intervention qui tend vers un nouvel activisme, parce qu’ils tentent de transmettre, à l’instar d’une radio pirate, une vision critique et alternative d’un contexte social, économique et politique.
À chaque fois, l’action et l’œuvre de ces artistes tiennent lieu de manifeste. Un manifeste qui, la plupart du temps, reste dans la sphère symbolique de l’écriture artistique, mais qui parfois déborde et suscite de vrais débats. Ces artistes ont souvent des positions extrêmes, jouent avec les limites et décuplent la charge polémique de l’art et son impact dans la société et ses zones de pouvoir.
Jérôme Sans
Publication
Le catalogue Hardcore, vers un nouvel activisme, est publié par le Palais de Tokyo aux Editions Cercle d’Art, avec la participation du CCAS et la collaboration des Arts Graphiques du Centre.