PHOTO | CRITIQUE

Half life

PCécile Costes
@18 Jan 2011

L’univers de Michaël Ackerman, photographe newyorkais originaire d’Israël est sombre, noir, un peu inquiétant, mélancolique. Des portraits en noir et blanc aux regards intenses se succèdent, énigmatiques. Ses scènes, souvent floues et très granuleuses, semblent traversées par une tempête de neige.

Dans la série «Half Life», un homme fou en souffrance est assis sur le sol à côté de sa chaise, les mains sur le visage dans une position de plainte primale. On peut y voir une référence au célèbre Cri d’Edvard Munch. Ailleurs un jeune homme gracile se détache, ombre diaphane, d’un fond noir pétrole. Un autre homme, torse nu dans une impasse sale, s’injecte de l’héroïne. Le visage d’une petite fille, aux traits parfaits de poupée de porcelaine est celui d’une inquiétante petite marchande d’allumette figée dans la glace.

Un polyptique de douze photographies, placé dans un angle, éveille l’attention. Diverses scènes s’y déploient: un nu dans un intérieur sombre fait face à une maison à moitié détruite par la tempête. Une icône christique amputée d’un bras règne sur des décombres à côté d’un intérieur d’appartement délabré. Un défilé militaire côtoie un héron perché dans son étang. Sur l’autre flan du mur, se font face un vieil homme élégant et une nature morte, de grandes bottes vides dans une mare de sang et des hommes nus dans un vestiaire, et enfin une composition abstraite et un homme à deux têtes.

Le photographe travaille avec soin les sensations de mouvement ou au contraire de crispation dans le temps. Les paysages polonais sont toujours ravagés par la neige et le froid. C’est comme si la guerre venait de passer par là, apportant la désolation.

Dans le fond de la galerie, trône une série antérieure de l’artiste, intitulée «Smoke». L’image est déformée, délavée, grattée, hyper exposée… Ces clichés ont longtemps accompagné l’homme lors de ses nombreuses pérégrinations autour du monde. Elle montre des enfants qui s’amusent, font les pitres, livrés à eux-mêmes dans la rue. Ils mènent en bateau le photographe, lui tirent la langue… Dans un décor de terrain vague, des gamins sales aux pantalons rapiécés s’affalent sur les genoux de leurs parents rêveurs et désabusés. Dans une mise en scène particulièrement étrange et symbolique, une petite fille blanche menotte les chevilles d’un enfant noir.

 

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