« Un peuple d’artistes habite Haïti » disait Malraux, précisant « il y a en Haïti deux peintures qui n’ont presque aucune relation entre elles. D’une part, les Naïfs : à partir de 1943, se développe dans un pays qui n’a jamais eu de peintres pompiers, une peinture complètement libre, non académique. Et puis j’aimerais surtout insister sur l’autre versant de la peinture haïtienne qui, elle, est reliée directement au Vaudou ». Pierre-Paul Lesly tient des deux versants, sans se limiter à aucun. Ses sujets : dieux, figures mythologiques, symboles, ne sont pas naïfs. Il ne reprend pas toutefois entièrement les codes du vaudou : il s’en ré-approprie les figures, les ré-invente, épure les motifs traditionnels pour les remplacer par la couleur.-
Pierre-Paul Lesly. Entre tradition et ultra-contemporanéité
Cette approche fait de Pierre-Paul Lesly un artiste de la transmission. Il se considère lui-même comme « inspiré par les esprits » et « responsable de la porte qui permet aux étrangers d’en apprendre plus sur la spiritualité haïtienne, et de travailler avec le Loa » (les principaux esprits du Panthéon vaudou).
Il s’éloigne de l’iconographie traditionnelle du vaudou, pour mieux la renouveler. Ses Å“uvres évoquent parfois les dessins animés, les figures de la culture populaire, des références anatomiques ou sexuelles très contemporaines, mêlées aux védés et à l’omniprésence de la vie, à travers les motifs d’yeux ou de bouches, caractéristiques de l’art vaudou.
Pierre-Paul Lesly. Haïti aujourd’hui
Depuis la dictature Duvalier et le séisme de 2010, Haïti tente de se reconstruire, mais reste politiquement instable, et économiquement très inégalitaire. Le pays est de plus menacé par le changement climatique, qui induit la hausse du niveau des mers et la multiplication des ouragans. C’est aussi pour redonner sens et espoir à la jeunesse haïtienne que Pierre-Paul Lesly a fondé la New Vision Art School, dans l’idée d’enseigner l’art et le vaudou aux enfants « si pleins de frustrations que seul l’art peut les guérir ».