DANSE | SPECTACLE

H (Hubris, volet 1)

18 Nov - 19 Nov 2014
Vernissage le 18 Nov 2014

Après le solo F, réinterprétation de L’Après-midi d’un faune de Nijinski, David Drouard explore, dans cette étape de création, version à trois danseurs, le mythe de la nymphe paradoxalement incarné par des interprètes masculins. H (Hubris, volet 1) questionne les transformations contemporaines du sujet en les illustrant par des figures mythologiques réinventées, dans un univers lui-même mixte (réel/virtuel), propice à la confusion des genres.

David Drouard
H (Hubris, volet 1)

Avec Hubris, David Drouard livre une lecture poétique de la crise du sujet contemporain (de son identité, de son désir), pensé à l’aune de ses transformations technologiques. Déroulant sur scène une archéologie du corps, depuis les figures mythologiques jusqu’aux traits les plus civilisés, il laisse entrevoir sa vision d’une post-humanité sur le point d’advenir. Dans cet espace-temps suspendu, l’hybridité apparaît comme un terme transversal qualifiant tout autant la naissance du monde et l’émergence de l’individu que la construction du social. La dialectique du même et du différent, de l’homme et de la machine, le rapport à soi et à autrui y trouve les moyens d’une incarnation plurielle, déroutant le confort perceptif du spectateur.

Ce discours sur le multiple est logiquement soutenu par une écriture chorégraphique elle-même marquée par la duplicité, par l’interprétation contemporaine apposée à des danseurs hip-hop break et l’alternance entre rigueur de la phrase et marges d’improvisation. Elle souligne, en somme, une réelle volonté de faire dialoguer le viscéral et le cérébral. La mise en scène joue elle aussi sur le mélange des genres, en associant art vivant et arts numériques. Les nouveaux modes d’imagerie qui s’y actualisent (tracking, mapping) dessinent les contours d’une sensibilité contemporaine en pleine mutation, au seuil du concret et de l’irréel. Le vocabulaire plastique employé renvoie ainsi au « phénomène » au double sens d’événement et d’apparition.

Deuxième volet d’une trilogie consacrée à Nijinski, dans le prolongement d’une interprétation de L’Après-midi d’un faune, cette pièce travaille enfin la référence à la nymphe, comme monstre fantasmatique, mais l’éloigne des représentations académiques en déconstruisant sciemment les marqueurs de genre. La notion de démesure, autre sens de l’hubris grec, y est l’indice d’un paradoxe: les espoirs contenus dans l’invention de nouvelles formes de vie n’effacent pas la menace d’un basculement de l’humanité hors du champ du désir.

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