ART | EXPO

Gyan Panchal

15 Mai - 14 Juin 2008
Vernissage le 14 Mai 2008

La démarche de Gyan Panchal est à la croisée des héritages du minimalisme et de l’arte povera, conjugue rigueur conceptuelle et économie de moyens. A cette occasion, l’artiste dévoile un ensemble d’oeuvres récentes, qui mêlent matières industrielles et traces végétales dans une réflexion autour du processus de création.

Communiqué de presse
Gyan Panchal
Gyan Panchal

L’Ecole municipale des beaux-arts/  galerie Edouard Manet présente la première exposition personnelle dans un centre d’art d’Ile-de-France de Gyan Panchal.

Les sculptures de Gyan Panchal prennent pour point de départ des matériaux standard issus de l’industrie, et plus précisément des dérivés du pétrole tels que les polymères, ou matières plastiques. A travers elles, l’artiste explore le cycle de production de ces matériaux qui constituent notre environnement quotidien, depuis leur origine jusqu’à leur devenir potentiel. Bien que nés du raffinage de l’or noir, polystyrène, polyamide et nylon demeurent des matériaux dits « pauvres », utilisés en général comme isolants et par conséquent voués à disparaître à l’intérieur des habits, habitats et autres habitacles. Gyan Panchal leur rend donc une visibilité et une autonomie, tout en interrogeant la présence de ces objets et le regard que nous portons sur eux.

La standardisation industrielle réduit ces matériaux à des plaques et à des rouleaux de feuilles, livrant par là même à l’artiste une matière première à la géométrie implacable, faite de plans et de cylindres. Sur ces surfaces manufacturées viennent s’inscrire des traces de gestes à échelle humaine : l’empreinte d’une coquille d’huître sur une feuille de carbone, la griffure d’un silex ou la pulpe écrasée d’une racine de curcuma sur du papier de verre. Ces traces, qui tiennent tantôt du marquage ou de la signature, tantôt de la référence à une forme d’écriture, composent les signes presque archaïques d’une tentative d’appropriation.

Avec son exposition à l’Ecole municipale des beaux-arts/galerie Edouard Manet, Gyan Panchal entérine une certaine radicalisation de sa pratique amorcée lors de l’exposition «Ainsi répondit la racine de curcuma» à la galerie Frank Elbaz à Paris. L’artiste s’éloigne des motifs préhistoriques d’oeuvres antérieures (peinture pariétale, lance, cairn et mégalithe, taille facettée façon silex)  pour tendre vers moins d’interventions directes sur la matière et vers plus d’abstraction.

L’ensemble des oeuvres présentées s’appréhende à la manière d’un environnement, et ce bien que chacune semble conserver son autonomie. Les sculptures sont de plus en plus proches de leurs standards d’origine. Plaques et feuilles d’isolant sont posées, empilées, assemblées, parfois utilisées telles quelles dans des ébauches de constructions aux volumes fragiles. Ces matériaux de synthèse son  également confrontés à leur propre origine organique, sous la forme de végétaux et de minéraux (éponge de mer, coquille d’huître, silex brut, etc.) Ailleurs, d’autres matières complètent cette exposition, proposant en filigrane une réflexion sur la fabrication de l’image. A travers la présence d’une feuille de papier carbone, de poudre de toner d’imprimante, d’une plaque d’aluminium utilisée pour l’impression offset, Gyan Panchal évoque les possibilités d’une image à recomposer.

Spécimens naturels patiemment collectés et échantillons de produits industriels se côtoient dans une présentation quasi muséographique. En proposant une archéologie contemporaine à partir de ces vestiges de notre temps, l’artiste nous invite à aborder ces « matériaux d’aujourd’hui comme si nous les découvrions pour la première fois ». Pour autant, il ne rejoue en rien le scénario catastrophe d’un film d’anticipation entre haute-technologie et civilisation première. Si certaines pièces jouent parfois volontiers de l’anachronisme – on pense notamment au trilithe de polystyrène présenté récemment au Module du Palais de Tokyo – il s’agit plutôt ici de mettre à jour la complexité de la matière et de la relation que nous avons avec celle-ci.

En prélude à cette exposition s’impose l’image sur fond noir d’une coquille d’huître et d’un rouleau de polystyrène. Ces deux objets agissent comme des signes représentant les deux extrémités de la chaîne de l’évolution de la matière, reliant un mollusque au plus banal des plastiques. Entre ces deux indices, pourtant, se déploie un processus millénaire dans lequel la matière animale, végétale et minérale s’est sédimentée jusqu’à former du pétrole, et matérialiser l’économie du monde.

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