L’exposition organisée à Paris par la galerie Almine Rech fait écho à celle qui s’est tenue il y a trente ans au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris. On y retrouve les photographies en noir et blanc d’inspiration architecturale de cet artiste hors-codes, ses peintures murales aux couleurs agressives, ses tableaux qui se ré-approprient l’Histoire de l’art.
Günther Förg : un art de la mémoire
La série des « Grid Paintings » répond à la série fondatrice des « Grey Paintings » : on y retrouve le même motif de grille qui évoque celui de La Mort de Marat par Edvard Munch, cette fois en couleurs fauves. Cette démarche d’agrandissement/rétrécissement d’un motif connu est caractéristique des recherches picturales de Günther Förg. Son art appelle à la mémoire, mélange, reprend, change le format, fait dialoguer les disciplines, mais conserve la force expressive de l’original.
Cette démarche se retrouve dans ses photographies. On y voit des monuments aux formes architecturales modernes, reprises, déformées, reformées dans les tableaux qui leur font face. C’est le dialogue entre peinture, photographie et architecture qui magnifie la ligne et le motif, pour esquisser une expression de la modernité.
Günther Förg : un jeu d’échecs
Longtemps considéré comme néo-expressionniste, dans la tradition de ses compatriotes Georg Baselitz, Markus Lüpertz ou Anselm Kieffer, Günther Förg s’oppose lui aussi à l’art conceptuel et abstrait, dans un retour à l’émotion qui jaillit de façon provocante, par des couleurs vives et des formes brutes, dans ses Å“uvres.
Mais il ne se limite pas à cette étiquette. Son intérêt pour le Bauhaus et l’architecture moderniste et dynamique en fait aussi un explorateur des liens entre forme et matière, qu’on retrouve dans sa manière très personnelle d’entrelacer, de tisser les motifs pour faire de ses toiles un nouveau matériau, une construction en soi.