ART | EXPO

Guilloting Me Guilloting You

25 Sep - 08 Oct 2014
Vernissage le 25 Sep 2014

Réunies par le trait, les deux artistes posent une question au spectateur: «Et vous, vous savez ce qu’il en est de l’amour?». Aurélie Denis tend à un écoulement ample. Tandis qu’Irina Rotaru tend vers ce qui structure mais pousse néanmoins à des turgescences. Entre ce qui est lâché et retenu se crée le dédoublement de l’émotion.

Aurélie Denis, Irina Rotaru
Guilloting Me Guilloting You

Comme le prouve le titre de l’exposition, Aurélie Denis et Irina Rotaru osent ce qui tue. Car cela rend plus fort puisqu’il s’agit de l’amour. Afin d’y parvenir, par ce qu’elles nomment «la noble cause» — à savoir le dessin —, elles en recherchent autant l’essence que la lumière. Celle-ci surgit des traits qui, la cernant, permettent de la faire éclater.

Réunies par le trait, les œuvres s’éloignent l’une de l’autre par des mouvements qui divergent. Grande et ailée Aurélie Denis a besoin de place: elle déborde. Menue, sorte de fée Clochette, Irina Rotaru concentre l’énergie en des pièces plus fragmentées. De là se crée le dialogue du corps dans l’espace, et du corps de l’espace.

Les deux œuvres entrent autant en association qu’en dissociation agissantes. Aurélie Denis cultive une certaine violence: si bien que l’humidité de l’encre semble gicler du corps. Irina Rotaru tend plus vers ce qui structure mais pousse néanmoins à des turgescences. Entre ce qui est lâché et retenu se crée le dédoublement de l’émotion. Et ce jusque par le poids du crayon. Avec celui-ci Irina Rotaru crée, grave et incise. Aurélie Denis à l’inverse tend à un écoulement ample, une caresse.

Les corps sont épelés au sein de cette confrontation. Elle n’interdit pas la fusion — bien au contraire. Et si chaque œuvre pénètre le corps selon une dimension physique différente, les deux s’équilibrent par contraste. Entre le trait qui découle et celui qui découpe, surgit un véritable transport amoureux. Le corps devient hybride non par effet de genre mais par son ouverture du dehors sur le dedans; du dedans sur le dehors.

L’érotisme, l’émotion mais aussi l’esprit imposent leur présence en cette fluidité et ce flux. Si bien qu’à leur manière et dans leur «communauté inavouable» (Blanchot) les deux artistes posent au spectateur la question majeure: «Et vous, vous savez ce qu’il en est de l’amour?». Regarder les œuvres conjointes revient à trouver plus que de simples éléments de réponse à ce qui tue. Mais qui fait vivre.

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