ART | CRITIQUE

Guillaume Dégé

PMagali Lesauvage
@08 Avr 2008

La galerie Sémiose expose les œuvres mixtes sur papier de Guillaume Dégé, auteur de feuilles précieuses formant une sorte de manuel botanique, où les collages s’allient gracieusement aux nuances infinies du crayon de couleur.

Héritier du surréalisme à plusieurs égards,  notamment par sa technique précise du collage à sens multiples, et par la finesse de son dessin confinant à l’absurde (on pense à Max Ernst pour les collages épurés, ou à René Magritte pour les formes simples et génératrices de sens), Guillaume Dégé invente dans cette nouvelle série présentée à la galerie Sémiose des formes et des fleurs nouvelles.

Inventions fantasmées à partir d’images prélevées dans le réel, les dessins de Guillaume Dégé forment des sortes d’extensions oniriques à des images issues de la culture populaire. Ici une Vierge saint-sulpicienne, là un napperon de dentelle se trouvent affublés, prolongés de traits fins aux crayons de couleur, grâce auxquels l’artiste s’ingénie à reproduire au plus près le spectre coloré.

Illustrateur avant d’être artiste, Guillaume Dégé travaille régulièrement pour le journal Le Monde, et a publié plusieurs ouvrages, dont, en 2004, l’ABC Dégé (Gallimard jeunesse), vision très personnelle de la typographie, ou, aux éditions Sémiose, Le Défilé (2004), suite de gravures anciennes représentant des ecclésiastiques, revisitées, modifiées par l’artiste pour mieux moquer, sans méchanceté, la religion et ses tartuffes.

Les œuvres présentées ici évacuent plus encore le sujet, pour associer aux images banales de la tradition populaire un complément poétique, un sursaut de sens. Ainsi à un dessin naïf d’ours féroce est associé une montagne enneigée, que l’animal s’efforce de défaire de son manteau neigeux. Un buste d’homme de type Belle Epoque devient l’extrémité d’un haricot, à moins que ce ne soit un colon, qui rosit à mesure qu’il enfle.
D’une branche grisâtre s’épand une tache rosée ou s’épanouit une masse laiteuse, étranges renflements de la forme végétale. D’un torse de cheval se déploient des flammes colorées baroquisantes. Des napperons de papier se transforment en fleurs de paradis, et des Vierges recueillies donnent naissance à des lys symbolisant leur pureté.

Dans une série de fleurs, Guillaume Dégé hésite entre l’inventaire botanique précis et la fascination tranquille pour les plis et replis érotisant des diverses variétés, réelles ou imaginaires, disposées là comme en un cabinet de curiosités. L’artiste y constitue un infini nuancier de couleurs légères, pastels bleutés, verts rafraîchissants, ou incarnats audacieux. Et réinvente ainsi le plaisir du dessin redevenu couleurs.

Guillaume Dégé
— Sans titre, 2007. Dessin aux rayons de couleurs. 30 x 39 cm
— Sans titre, 2008. Dessin aux rayons de couleurs et collage. 47 x 62 cm
— Sans titre, 2008. Dessin aux rayons de couleurs et collage. 60 x 45 cm
— Sans titre, 2007. Dessin aux rayons de couleurs et collage. 30 x 62 cm
— Sans titre, 2007. Dessin aux rayons de couleurs et collage. 56 x 38 cm
— Sans titre, 2008. Dessin aux rayons de couleurs et collage. 47 x 62 cm

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