Immédiatement, à la vision des toiles récentes de Guillaume Bresson, jeune artiste fraîchement diplômé de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, reviennent en mémoire des souvenirs de la peinture classique, des œuvres de Nicolas Poussin et du Caravage, et de cette science de l’ordonnancement à laquelle la peinture a obéi pendant des siècles.
Un certain nombre de codes, ceux transmis autrefois par cette même École des Beaux-Arts dans laquelle Guillaume Bresson a fait ses classes, apparaissent avec force : composition savamment ordonnée autour de lignes de fuite et rôle de l’architecture dans la stabilité de la composition, «figures repoussoirs» disposées au premier plan pour asseoir la composition, clair-obscur soulignant le tragique de la scène, codification des gestes et des attitudes servant à l’expression des «passions», etc.
Ici le noir et le blanc ajoutent une note contemporaine, par la référence à la photographie qu’ils impliquent. Les forts clairs-obscurs feront immanquablement songer au Caravage, et à cette peinture entre deux mondes, entre nuit et jour, mal et bien, humain et divin.
Si Guillaume Bresson respecte en partie les codes de la peinture d’histoire, il n’aborde pas les mêmes thèmes, bien qu’on puisse admettre que les différentes scènes d’émeutes de banlieue forment une certaine vision de l’histoire contemporaine, dont elles font pleinement partie. Dans ces scènes en plein air, l’artiste met à profit son sens aigu de l’espace et du geste expressif, ainsi qu’un talent de dessinateur exceptionnel, dans une chorégraphie savante des corps.
La lumière sculpte les personnages et renforce les expressions ; l’emphase des gestes retrouve la « noble simplicité et la calme grandeur » par lesquelles le théoricien de l’art Winckelmann définissait au XVIIIe siècle l’art antique.
D’autres toiles présentent, avec un grand dépouillement, des décors de parkings souterrains, éclairés par une unique source de lumière blafarde, rendant plus choquantes encore les scènes d’agression représentées. On retrouve ici la volonté de chorégraphier les individus dans un éclairage tranchant, fortement contrasté, évocation des scènes de meurtre du Caravage et de cette fascination pour la violence que l’artiste semble partager avec le maître italien.
Le parking souterrain devient le lieu de la banalisation de la violence. L’angoisse provoquée par une petite toile, présentant de manière assez anodine une voiture garée dans un emplacement, dit toutes les peurs irrationnelles et la menace sourde, obtenue essentiellement grâce au jeu d’ombres et de lumières. Par ses toiles, représentations d’une dure réalité sociale, Guillaume Bresson renoue avec l’histoire de la peinture classique, dont les codes parviennent encore à prouver leur efficacité.
Guillaume Bresson
— Sans titre, 2007. Huile sur toile, 169 x 205 cm.
— Sans titre, 2007. Huile sur toile, 169 x 205 cm.
— Sans titre, 2007. Huile sur toile, 169 x 205 cm.
— Sans titre, 2007. Huile sur toile, 169 x 205 cm.
— Sans titre, 2007. Huile sur toile, 41 x 33 cm.
— Sans titre, 2007. Huile sur toile, 130 x 160 cm.