Designer atypique, Guillaume Bardet cultive une Å“uvre à mi-chemin entre légèreté et pesanteur. Il y a eu L’Usage des jours (2012), avec la création d’un objet par jour pendant un an. Soient trois-cent-soixante-cinq pièces — en terre —, ensuite exposées à la Manufacture de Sèvres. Puis il y a eu La Cène. Imposante structure d’abord constituée de cire, pour être exposée au Couvent de la Tourette du Corbusier — la « Fabrique du présent », 2017. À présent modelée en bronze, La Cène inclut une Grande Table (2019) de quelques neuf-cents kilos et quatre mètres soixante-dix de long. Soit une longue table à trois pieds, noire, bordée de treize Tabourets (2019) aussi singuliers que treize personnes différentes. Le tout accompagné d’un Lustre (2019) suspendu, ample et massif, d’un bronze lui aussi aux allures de fonte. L’ensemble formant ainsi un étrange lieu, à la fois vide et plein, comme en attente d’agapes.
Guillaume Bardet à la galerie kreo : quand La Fabrique des jours prend chair
Pour cette première exposition de Guillaume Bardet à la galerie kreo, les publics pourront ainsi découvrir La Cène, accompagnée d’autres pièces de mobilier. Dont un Banc (2019) et une Table Basse (2019), en bronze noirci, patiné. En dehors du temps, quelque part du côté de l’éternité, La Fabrique du présent semble exister à l’aune d’une distance infinie. Comme si, considéré avec mille ou deux-mille ans de distance, le présent actuel ne pouvait subsister que sous la forme de carapaces à l’épreuve des balles, des catastrophes et en somme : du temps. Lent travail de façonnage à la main, au pouce, les pièces de Guillaume Bardet arborent des surfaces tantôt lissées, tantôt laissées à la forme agglomérée. Un travail d’empreintes digitales qui contraste avec la massivité du bronze brûlant, coulé en fonderie.
Guillaume Bardet : le bronze, entre massivité de la matière et fugacité des empreintes
Rencontre improbable entre la main nue et le métal en fusion, le présent de Guillaume Bardet fait tenir ensemble ce qui ne saurait pourtant exister simultanément. Comme l’apparente austérité de ses pièces, dont se dégage pourtant une chaleur radiante. Pour La Cène, cette chaleur vient de l’intérieur de la lampe, en bronze poli, diffusant une lumière dorée. De l’art d’Héphaïstos (alias Vulcain, dans la mythologie latine), Guillaume Bardet semble garder la puissance volcanique. Incluse dans des formes rocailleuses, comme les pierres de lave. Vivant dans un village de la Drôme, Guillaume Bardet y compose un design à l’écart des contingences urbaines. Un choix en conscience, après avoir notamment vécu à Rouen, Paris et Rome (en résidence à la Villa Medici). Et si Guillaume Bardet n’est pas particulièrement croyant, de ses recherches émane néanmoins une forme de sérénité humaniste. À découvrir à la galerie kreo.