Présentation
Baldine Saint-Girons, Gérard Traquandi
GT
En janvier 2009, Marseille a été recouverte durant deux jours d’une épaisse couche de neige. Au même moment un changement s’est opéré dans le travail de Gérard Traquandi. Comme si l’ensemble des recherches de l’artiste se trouvait condensé et remis en jeu par la maîtrise et la libération d’une technique picturale – notamment l’empreinte et le report – mais toujours avec le plaisir de la permanence du motif. Ce livre retrace ce cheminement.
La dialectique subtile, perceptible dans l’œuvre, entre les dessins et les toiles peintes se détaille progressivement au lecteur: le même souci exploratoire des formes de la nature s’incarne dans ces deux activités, qui contrastent par leurs moyens, pour mieux cerner leur objet commun.
L’exploration, de la feuille par le crayon, de la toile par la marque et l’encrage, est animée d’un seul et même motif, poursuivi respectivement par le moyen de la trace et de l’empreinte; celui, baroque, de la transitivité.
Baldine Saint Girons nous offre, dans le texte qui accompagne les images des œuvres, plusieurs pistes pour saisir ce qui anime ce travail de levée de traces, cet effort de tracé, cette mise en contact de l’acte et de la matière.
Son texte est une méditation sur les places respectives de l’empreinte et de la trace dans l’art humain. Sur ce fonds universel, la singularité du travail de Gérard Traquandi est élucidée avec une grande générosité.
«L’objet de Traquandi est de démontrer qu’en deçà et au-delà de l’opposition traditionnelle dessin/couleur ou forme/matière, il existe une union fondamentale entre la matière qui invente d’elle-même sa forme et le dessin qui suscite des vibrations lumineuses. Le travail du peintre s’efface alors devant la mise en évidence d’une aspiration mutuelle des extrêmes l’un vers l’autre.
L’écriture d’avant l’écriture
Que se passe-t-il lorsque l’art prétend non plus imiter la vie, mais susciter directement le sentiment de sa présence, l’imposer à l’état naissant, lui conférer une qualité quasi hallucinatoire? Voilà un idéal autour duquel gravite le sublime de l’art dit moderne et qui explique son dédain de la figurativité: un idéal que s’est approprié Gérard Traquandi, par ailleurs grand amateur du maniérisme et du baroque, aussi bien que redécouvreur de techniques anciennes. L’émergence d’espaces, ou d’idéogrammes insolites dans ses peintures semble, en effet, rouvrir le monde d’une manière aussi sur-naturelle que certaine speintures murales rupestres. La peinture devient matrice de formes mobiles qui font la texture des choses et resteraient sans elles insoupçonnées.»
Baldine Saint Girons, «Contact, trace, tracé», GT, 2011
Gérard Traquandi est né à Marseille en 1952. Il vit et travaille entre Marseille, Aix-en-Provence et Paris. Il est représenté par les galeries Laurent Godin et Catherine Issert.
Baldine Saint Girons est membre de l’Institut universitaire de France et professeur de philosophie à l’université de Paris Ouest. Elle a publié de nombreux ouvrages dont récemment, La Pietà de Viterbe (Passage d’encre, 2010) et Le Pouvoir esthétique (Manucius, 2009).