— Éditeur(s) : Paris, École nationale supérieure des Beaux-Arts
— Année : 2001
— Format : 21 x 12 cm
— Illustration : aucune
— Pages : 351
— Langue(s) : français
— ISBN : 2-84056-099-2
— Prix : 17 €
Introduction
par Mathilde Ferrer
Nous sommes aujourd’hui loin des positions radicales qui dominaient le monde de l’art des années 1970 et 1980. L’extrême hétérogénéité des pratiques artistiques contemporaines nous oblige dans cette nouvelle édition, à un parti pris plus modeste. Il nous serait extrêmement difficile en effet d’établir un classement et une description aussi précise des nouveaux mouvements comme ce fut le cas dans la première édition. Nous avons essayé, néanmoins, de discerner certains courants et de signaler les problématiques majeures apparues dans les années 1990, et qui espérons le, dureront au-delà des effets de mode.
L’art contemporain n’est pas dissociable des mouvements de pensée et des réflexions qui parcourent la société dans sa complexité et ses contradictions. Quels peuvent être aujourd’hui le sens et les enjeux de l’art à l’heure de la mondialisation et des mutations technologiques, économiques, sociales et culturelles? Cette circulation illimitée des informations, des hommes et des femmes a eu pour conséquence l’intégration des pratiques artistiques extraoccidentales qui ont conduit à une diversification de la scène artistique produisant des questionnements et des positionnements critiques contre toute suprématie artistique et culturelle et donnant lieu à des revendications d’origine identitaire qu’elles soient géographique, culturelle, raciale, communautaire, sexuelle.
Celles-ci s’expriment dans les pratiques, manifestations et débats actuels, et provoquent ruptures et changements dans les réseaux d’échange et de pouvoir, ainsi qu’une profonde mutation et une décentralisation de l’ordre artistique international.
En effet la critique et la remise en question de la catégorie beaux-arts, la contestation des hiérarchies, le renversement des rapports entre centre et périphérie, la recherche de nouvelles formes de citoyenneté, ont ouvert le champ de l’art à l’analyse socio-politique laquelle permet d’identifier et de dénoncer les implications idéologiques qui sont à l’œuvre dans les pratiques artistiques.
Aujourd’hui l’élargissement du territoire plastique, l’exploration et l’appropriation des espaces appartenant jadis à d’autres pratiques artistiques ou non artistiques, et souvent hors de l’art visuel proprement dit, apportent de profondes transformations culturelles et incitent les jeunes artistes à s’initier à d’autres genres, les mélanger, et créer des interaction hors normes.
Le réseau internet qui relie des millions de gens change nos rapports au réel, à nos identités, et produit de nouveaux modèles de pensée: ce nouveau médium génère de nouveaux espaces où développer notre imaginaire dans une nouvelle réalité, avec un nouveau langage: nous sommes dans l’ère du cyberespace et du post-humain.
Cet ouvrage a pour ambition, de parcourir tous ces « espaces que l’art s’approprie » aujourd’hui, d’encourager nos étudiants à la réflexion et à la discussion, en leur proposant des outils critiques susceptibles de les aider à comprendre le phénomène artistique contemporain, pour les pousser à ouvrir leur pratique au monde dans sa diversité, et à considérer cette pratique comme un élément de transformation sociale. On ne peut ignorer que le sens d’une œuvre ne se limite pas à l’objet lui-même, mais prend en compte le cadre physique, conceptuel et social qui l’entoure et qui conditionne la conception, la production, et l’interprétation des œuvres.
Il y a naturellement des artistes et des pratiques qui échappent à ce parcours, à toute définition et à tout répertoire; nous sommes aujourd’hui comme hier conscientes de ces limites.
Nous invitons donc nos lecteurs à se frayer leur chemin au-delà des pistes que nous avons proposées afin d’y faire leurs propres découvertes.
(Publié avec l’aimable autorisation des éditions de l’ENSBA)