Communiqué de presse
The plug, Richard Nègre, Juliette de Cadoudal, Delphine Deguislage, Magali Brien, Hélène Rivière, Nadia Agnolet, Eric Tabuchi, Juliette Vivier, Marine Le Saout, Anne Colomes, Sebasien Bourg, Saudra Aubry, Valérie Bert
Group show
Ann Guillaume et Leylagoor invitent du 2 au 17 décembre au Kiosque/Images The Plug (sérigraphie), Richard Nègre (film d’animation), Juliette de Cadoudal (faïence/peinture), Delphine Deguislage (installation/collages), Magali Brien (installation), Hélène Rivière (dessin), Nadia Agnolet (installation/sculpture), Eric Tabuchi (photographie), Juliette Vivier (gravure), Marine Le Saout (dessin), Anne Colomes (dessins), Sebasien Bourg et Saudra Aubry (installation) et Valérie Bert qui propose une performance participative, (pensez à bien choisir votre slip).
The Plug
Concrétions urbaines
Issu du street art, the Plug – pseudonyme dérivé des prises électriques dont il marque les trottoirs européens les plus divers – compte depuis plus d’une dizaine d’années parmi les acteurs principaux du mouvement post-graffiti.
Après avoir exploré les différents aspects de ce style au cours de son parcours et dans une volonté de développer un langage artistique plus conceptuel, the Plug a lentement déserté les rues pour s’infiltrer dans les galeries et centres d’art contemporain. Pourtant cette volonté ne se réduit aucunement à une simple adaptation de codes urbains aux «white cubes» mais plutôt à une appropriation et une relecture des signes propres à des tribus urbaines telles que les graffeurs, les punks ou encore les mods pour n’en citer que quelques-unes.
On retrouve ainsi parmi les œuvres de l’artiste des éléments issus directement de la rue et ayant été proie à des actes de vandalisme divers. Ces objets se retrouvent comme arrachés à leur environnement et sont par la suite réinterprétés par l’artiste. La violence de ces actes et les traces laissées par celle-ci est juxtaposée à une recherche esthétique frappante et à un code de couleurs joyeusement déroutant. The Plug broie les pistes entre vandalisme fougueux et recherche esthétique. Là où l’acte de destruction se fait de manière impulsive sans préoccupations autres, l’artiste le transforme pour en faire une composition réfléchie.
Dans sa plus récente exposition «We Are the Mods», l’artiste reprend ainsi une barricade déformée et brutalisée par une horde de hooligans pour ensuite la laquer dans des teintes colorées. La brutalité de l’acte est contrebalancée par cette exécution soignée et une gamme chromatique festive. Avec Happy Hooligans (2008), l’artiste va un pas plus loin, recréant un but barricadé. geste issu du langage des hooligans pour confronter et provoquer le club sportif adverse. L’artiste ne laisse rien au hasard et compose entièrement cette pièce de bout à bout.
Pour l’artiste la composition s’accompagne de couleurs vives et joyeuses. En effet, en puisant dans la sous-culture des gangs, l’artiste ne tente pas de dénoncer quelques actes violents ou de pointer vers un comportement antisocial. Ce qui intéresse the Plug ce sont justement les différentes facettes de ces sous-cultures urbaines et la démystification de celles-ci, lui-même ayant évolué au sein de la scène des graffeurs. Les couleurs utilisées par l’artiste visent donc à dévoiler le côté festif qui règne parmi ces gangs, la violence n’étant souvent qu’un effet secondaire et non une fin en soi.
Les bombes de couleurs et les peintures spontanées en rue ont donc (partiellement) laissé place aux compositions réfléchies et soignées dans la pratique de l’artiste mais son approche ne s’en est pas pour autant éloignée du milieu urbain, bien au contraire ; the Plug nous place au cœur d’un monde urbain imprégné de codes et de valeurs.
Eric Tabuchi
Poursuivant son travail commencé avec Alphabet Truck et Twentysix Abandoned Gasoline Station, Eric Tabuchi, artiste d’origine dano-japonaise, propose avec Aura/Zen une série de «slogans» composés de noms collectés sur des voitures produites en séries limitées. Généralement attribués aux modèles «bas de gamme» ces patronymes convoquant l’imaginaire réducteur de la culture publicitaire, ambitionnent de les valoriser. Entre langage des formes et forme du langage, messages et images, les photographies accolées deux à deux produisent des associations, hyperbolique sortes de markéting au carré, mettant en évidence le caractère dérisoire de cette surenchère sémiologique. Inventaire lexical autant que graphique, Aura/Zen témoigne par cette opposition Fond/Forme, d’une double identité qui constitue pour Eric Tabuchi la consistance même de son travail.
Valérie Bert
QRSLIP est une performance artistique participative proposée par l’artiste Valérie Bert. Le dispositif est simple: une étiquette QRSLIP, cousue sur le slip des personnes présentes propose de faire une action spécifique et inédite.
Au moyen d’un lecteur de QRcode gratuit sur un téléphone, ou en se connectant sur le site web www.qrslip.net, la personne portant le QRSLIP prend connaissance de l’action qu’elle doit effectuer. Elle transmet ensuite sur le site web les images, sons, vidéos, textes qu’elle a réalisés durant son action.
QRSLIP propose de produire un média mixte intégrant différentes formes de contenus. Grâce à la dynamique intertextuelle les participants entrent dans le récit, y participent, le composent, pour produire via leurs actions un réseau de références hétérogènes et de représentations matérielles multiples (textes, vidéos, sons, etc.).
QRSLIP, le slip augmenté par le 2.0, explore et questionne les mutations de l’intimité dans la place publique et de l’impudeur comme action de sociabilisation.
www.qrslip.net
Richard Nègre
«Je m’intéresse aux rapports entre le plan du tableau, celui du volume et celui du film d’animation. Cette recherche s’articule à partir de l’élément originel de la peinture qu’est le point. Très vite je m’aperçois que la simple multiplication de points engendre un nombre phénoménal de combinaisons formelles. Très vite, tout devient complexe. De la tentative d’immobilité de la peinture à l’apparente mobilité du film le volume appelle au déplacement du regardeur et se situe à mi-chemin. Par cette approche pluri dimensionnelle, le plan – lieu des possibles – apparaît comme une plateforme sur laquelle d’innombrables intersections s’accomplissent.
C’est de Borges que je tiens cette approche mathématique de la forme; ce sont les chorégraphies de Forsythe qui m’ont orienté dans cette conception de la forme-mouvement.
Tout est architecture. Depuis les territoires qui m’entourent, le corps qui me constitue et ma conscience en éveil. Tout est destruction/construction, apparition/disparition, passage incessant d’un état à un autre. Bref, tout est transformation. Il y a cette géométrie qui s’agite dans ma tête et qui cherche continuellement une immobilité à laquelle elle ne parvient pas.»
Juliette De Cadoudal
Designer textile, fascinée par les modes d’expression graphique. Je travaille sur support textile, papier ou sur de l’objet.
Des graphismes, qui mises en répétition, deviennent motif, trame, réseau et se jouent du support.
Réhabiliter l’objet décoratif et lui trouver une forme d’écriture contemporaine. L’évocation du passé, par l’usage désuet de ces assiettes murales, confrontées à ces graphismes actuelles créent de nouveaux décors, histoires et évocations, plongeant ces assiettes dans un quotidien qu’elles ne soupçonnaient pas.
Des assiettes comme des tableaux. Des assiettes au mur.
Nadia Agnolet
«De style Empire, les surtouts étaient de grandes pièces de vaisselle d’apparat posés en milieu de table. Ornementés de fleurs, de fruits, et de figures d’animaux, ils relèvent plus de la construction architecturale que de l’art de la table, et célèbrent par leur décor antiquisant l’univers fantasque d’un Napoléon.
Nadia Agnolet emprunte les motifs décoratifs animaliers des surtouts pour les mener à leur dégénérescence, dans l’amour de l’exquis bon goût. Oscillant entre l’autel pâtissier et la statuaire pour la postérité, les surtouts sont avant tout des bêtes sophistiquement mal foutues. Maquillées comme des camions volés, elles attestent dans leur ridicule d’une autorité de pacotille.»
Helene Rivière
Avec des images l’on prescrit un état. Des miroirs troubles, sans perspectives, des chambres vides. Un intérieur et un extérieur, qui reflète quoi. La fenêtre, l’écran, la toile comme transitions. Des combinaisons s’accumulent, un rêve. Fausse géométrie, fausse cloisons, parures diverses, comme protection du pré-subtil rétablissement, comme déguisement inconscient. Lamentations en répétition, motifs à collection, boites sans fond. Des lignes tactiles, brouillard gris, en plein jour.
Le figuré n’est pas le figuratif ni le figurant. Des cadres, des cases, des chutes, des recadrages. Quelque chose de représenter et de dissimuler à la fois, des indices comme jonctions entre deux expériences. Le visible sert l’invisible. La feuille, l’écran, l’écran, l’œil, l’autre coté.
La frontière n’est pas un espace. Ce qui sépare est ce qui réunit. La poussière sous toutes ses formes, rempli son mécanisme de va et vient permanent. Ce ne sont pas des histoires, ce sont des débris, des traces, des ruines, des des-formations. Un chantier de fouilles, avec des épisodes manquants, dont l’absence totale ou partielle indique l’existence.
Anne Colomes
La plupart des éléments de mon travail tendent à reconstituer un espace sans centre, ni extérieur, ni intérieur, juste un espace d’expériences,
transformées, recyclées, faites de maladresses, d’inaptitudes, de premières fois, de fissures qui servent d’irrigations les unes aux autres. Il s’efforce à la précision, à la simplicité, au sens de l’économie.
À travers les dessins et les vidéos des paysages se forment, se croisent, s’annulent, se rencontrent comme la tectonique des plaques, quelque chose de lent et segmenté apparaît. Une idée de comment fonctionne le monde, un mystère à la fois minéral, végétal et animal alimente d’indices une hypothétique narration. Le trait du dessin, le mouvement et le son des images deviennent presque oniriques comme si on n’y pensait plus, à demi-éveillé, introduisant des notions de temps et d’échelles décalées.
Ces fragments réveillent les traces d’étendues déjà-vues. Ce monde intérieur n’est pas lié à une intimité mais davantage à une connaissance silencieuse, une contemplation.
Un endroit où s’éparpillent, réapparaissent et se dissipent des préoccupations comme de véritables phénomènes météorologiques à la surface du globe. Cette géographie interne amorce un climat général d’intemporalité aussi bien sur le fond que sur la forme.
Juliette Vivier
«Dans mes petits papiers»
Un travail intime de gravure sur petits formats.
Ratures, gribouillages évoquent non-dits, regrets, secrets, colère, désirs.
Dans un univers ou s’équivalent les signes graphiques, qu’ils soient écrits ou dessinés, mêlés.
Sandra Aubry et Sebastien Bourg
Nous travaillons en duo depuis 2006, à la manière d’un collectif en confrontant nos enjeux respectifs, que ce soit dans la conception commune d’un projet ou par influences et échanges lors de pièces individuelles.
Nos recherches se portent sur les espaces transitionnels, espaces, signes et situations limites, paradoxes où les frontières se renversent et basculent nos repères.
Nous travaillons sur la base de formes architecturales et iconiques existantes, que nous revisitons et détournons par décalages, contradictions et retournements.
Notre formulation plastique est formelle et radicale. Elle vise une perception et une compréhension immédiates pour le visiteur. C’est en analysant et en détaillant le sens des éléments qui composent nos pièces que l’entre-deux, le trouble et la complexité contrastent avec une apparente simplicité.
En abordant de multiples supports, nous explorons différents niveaux de relation entre l’oeuvre et le spectateur, principalement sous deux angles d’approche.
Expériences et immersions
Les espaces que nous construisons sont immersifs. La frontière, le seuil, la paroi et le passage sont des éléments clés à partir desquels nous articulons un langage de construction, empruntant celui de l’architecture (cloison, couloir, porte, structure, revêtement,… ) et des codes du langage théâtral (endroit et envers, structure montable et démontable, caractère éphémère de la construction, espace d’accueil).
Tous ces éléments matériels activent, ou suggèrent, un rapport direct avec le corps sous le mode de la déambulation libre ou imposée. Le spectateur évolue dans un espace construit dont les formes établissent des connexions entre l’espace physique et l’espace mental (structure labyrinthique, perspectives,… ). Nos structures sont des espaces intermédiaires où l’on se perd et se retrouve, propices aux déplacements, à la rêverie, voire à la méditation.
Totems et confrontations
Nos sculptures et nos images se comportent comme des signes/objets, icônes, fétiches ou totems contemporains. Ils existent dans l’écart entre le potentiel et l’ouverture qu’ils proposent en tant que signes, et l’enfermement physique et matériel qu’ils incarnent. C’est en ce sens que nous travaillons sur le langage, en constituant progressivement notre alphabet plastique afin de reconstruire et de proposer de nouveaux repères.
Nos pièces s’apparentent à des décors et des accessoires orphelins de récits pré-établis. C’est pourquoi nous portons une attention particulière à leur adaptation et à leur installation dans le lieu, et ainsi à la place du corps du spectateur, à sa déambulation et au temps de l’exposition.
Magali Brien
La création visuelle comme prétexte à être rock’n roll, à se faire héroïne de comix, poseuse de bombe. Perturber les échelles et faire s’écraser les avions dans des steaks hachés. Partir à la guerre avec son sac à main et ses chaussures à talon. Penser à Gulliver, Hitchcock, Goya tout mélanger et tout confondre afin de servir différentes déclinaisons de petites mythologies personnelles.
L’ensemble de mon travail s’articule autour de divers médiums; installations, dessins, sons. L’installation «les suppos» se situe en marge de ma démarche habituelle. Il s’agit ici d’un jeu de transformation du statut profane du suppositoire en un objet précieux et sacré. Petite fusée, petite balle à blanc fondante iconographique, propulsée vers le haut dont la finalité est de s’échouer dans le néant.