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Grey

Quarantine 1 et 2 : deux dessins au graphite de grand format figurent des abris précaires de tôle et de bois derrière un grillage pour le premier, des barbelés pour le second.  Ces barrières justifient leurs titres,  les abris sont ainsi visuellement séparés du spectateur — mis en quarantaine.  Si Quarantine 2 est une image réaliste, l’abri de Quarantine 1 déjoue les lois de la physique: un seul mur repose sur le sol, le reste de l’architecture de fortune flotte dans l’air sans appui tangible.
Les deux dessins semblent fendus par un «pli» vertical qui «casse» l’image malgré la continuité de certains éléments d’une moitié à l’autre.

La série de dessins Sites décline également le motif de l’abri précaire. L’absence de décor autour leur allègue le potentiel utopique du dessin d’architecte et soustrait toute référence spatiale et temporelle. Le blanc qui entoure ces abris recèle ainsi un potentiel infini de remplissage.

La seconde série Shelter représente des briques de bois empilées là encore de manière plus ou moins tangibles. Shelter 2 est une pyramide stable alors que dans les trois autres, les assemblages sont en équilibre douteux. L’effet de transparence évoque peut-être un mouvement de chute interrompu, à la manière de celle des coins des Cube 001 et Cube 002 : l’un des quatre coins de ces cubes en plâtre tombe en morceaux qui se figent dans leur chute.

En collaboration avec l’artiste Chris Cornish, les sculptures constituent une extension en  trois dimensions des problématiques d’Alison Moffett, de même que Vastitas Borealis, Az : 344 (W), El : -27. Un morceau de grillage blanc semblant sorti du dessin Quarantine 1 reproduit la surface de la planète Mars. Cette œuvre introduit le réel à travers la science dans un univers jusqu’ici imaginaire, mais un réel infiniment lointain.

Seconde rencontre avec la science, la sculpture C36, une modélisation en cuivre de la molécule de carbone, molécule au centre de la nanotechnologie. Nous sommes encore ici dans le réel, mais un réel infiniment petit. C36 fonctionne comme un emblème de la cohérence de la démarche de l’artiste, faisant le lien avec les autres œuvres de l’exposition ainsi qu’avec des œuvres antérieures d’Alison Moffett : il s’agit d’une représentation de la molécule constitutive du graphite utilisé pour ses dessins ; elle est réalisée en tuyau de cuivre, tuyaux que l’on retrouve dans des œuvres telles que Repeat to end (2007) et sa forme est hexagonale, forme que l’on retrouve dans le grillage de Quarantine 1 et Vastitas Borealis, Az : 344 (W), El : -27.

Alison Moffett
— Quarantine 1 et 2, 2008. Dessins, graphite et éléments de collage sur papier, 225 x 298 cm.
—  (en collaboration avec Chris Cornish), Cube 002, 2009. Sculpture, plâtre, peinture, socle en bois. 16 x 16 x 20 cm
— (en collaboration avec Chris Cornish), Cube 001, 2009. Sculpture, plâtre, peinture, socle en bois. 15 x 15 x 19 cm
— C 36, 2009. Sculpture, résine et tuyaux cuivrés, miroir en bronze. 6 x 16 x 18 cm,
— Quarantine II, 2008. Dessin, graphite et éléments de collage sur papier. 236 x 290 cm
— Shelter, 2009. Ensemble de quatre dessins, graphite sur papier et papier calque. 36 x 43 cm
— (en collaboration avec Chris Cornish), Vastitas Borealis, Az : 344 (W), El : -27, 2009. Sculpture, plexiglas, grillage métallique, acier, peinture émaillée. 26,5 x 75 x 75 cm
— Site (n° 21, n° 14, n° 6, n° 23), 2009. Dessins, graphite sur papier. 36,5 x 45,5 cm

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