ART

GREVE GÉNÉRALE ILLIMITÉE ET DÉFINITIVE DES ARTISTES PLASTICIENS

16 Déc - 31 Déc 2003

Pour avoir de bonnes réponses, il faut savoir toujours poser les bonnes questions, c’est ce que le porte parole de la grève s’est efforcé de faire comprendre en vain à Daniel Dobbels sur France Culture dans l’émission en direct Tout arrive.

ATTENTION, SOYEZ INCISIFS, VOUS POUVEZ VOUS PRONONCER, ICI, DANS LA CHRONIQUE DE CITIZEN FRED SUR LA GREVE !
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Pour avoir de bonnes réponses, il faut savoir toujours poser les bonnes questions, c’est ce que le porte parole de la grève s’est efforcé de faire comprendre en vain à Daniel Dobbels sur France Culture dans l’émission en direct Tout arrive.
Il n’est pourtant pas demeuré — nous le reconnaissons volontiers — cet ancien journaliste de la rubrique Art d’un quotidien national, qui a occupé également plusieurs fonctions dans les services de la culture officielle depuis.
C’est même un homme cultivé et délicat, qui au cours de l’émission en question, a cité, avec un air entendu, trois fois Blanchot et une fois Roland Barthes… Mais c’est bien connu, il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre !
Pour Daniel Dobbels pleinement satisfait de sa condition (et pour cause !) et de celle faites aux artistes (les bien heureux !), tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Selon lui, 80 % des étudiants qui sortent d’une école d’art trouvent une situation grâce à leur formation, si cela ne s’appelle pas de la désinformation !

J’aurais bien voulu dire, entre autres, à… Ferdinand Corte, Pierre Bonin, Béatrice, Alix, Berthe aux grands pieds, Jacques, Christelle, Balthazar, Melchior, Noémie, Gérard, Rachida, et à la multitude des étudiants, qui galèrent, tous comme des bêtes, sans boulot, après leur sortie des écoles des beaux-arts de France et de Navarre, l’Ecole Supérieure Nationale d’Art de Cergy, ou celle de Grenoble, ou celle de Tours ou celle de Tombouctou, ou encore à la mère de Benjamin Duval, étudiant à Cergy, furieuse des conséquences (qui occupe pourtant un poste important à la communauté urbaine de Grenoble, auprès du président député socialiste Didier Migaud), j’aurais bien dit : «Envoyer donc un petit mail à Daniel Dobbels pour le déniaiser ! »
Mais le problème, entre nous, n’est pas tant que Daniel Dobbels défende la picturalité la plus ringarde, c’est d’une façon plus malencontreuse, qu’il n’a pas encore d’e-mail ! Comment pouvez-vous donc, aussi cultivé qu’il soit, communiquer aujourd’hui avec quelqu’un qui s’éclaire à la bougie ?

Je vous jure que c’est vrai, sur la tête de ma mère, tout ce que je vous dis ici. Vous pouvez même le demander à Anne-Marie Rona, de la galerie Les Contemporains de Bruxelles, survivante de la trilogie incarnée par la revue mythique + – 0 qui, en toute confidence, m’avait fait part de cette carence rédhibitoire chez notre intellectuel certes cumulard, mais il faut bien le reconnaître besogneux jusqu’au bout des ongles.
Et vrai, également, tout ce que je vous rapporte, ici dans cette chronique, par la même occasion, de ce qui s’est dit sur France culture, le jour du lancement de la grève sur cette antenne de choc. Une antenne, où l’on ne plaisante guère en général avec la sémantique, à moins de se nommer, Céline, James Joyce ou Joé Star! Et même, pourront vous confirmer la véracité de mes dires, toutes les personnes présentes autour de la table de Tout arrive, convoquées pour parler devant le micro, si jamais vous les interrogez.
A savoir, Henri Cueco, qui m’a dit, fort sérieusement, face à face, sans aucune retenue, qu’il m’aimait (cela voulait dire, sans doute, qu’il aimait la grève, je suppose) ; Fabrice Boustaud,avec son chapeau, qui saluait de même cette initiative ; Jean-Yves Jouannais, bien dans son rôle d’idiot (au sens où il l’entend…), qui faisait lui-même l’idiot, juste ce qu’il faut, pour la promo de son livre, pendant que, pour notre part, nous prenions consciencieusement des photos de l’événement, puisque tout cela se passait en toute transparence à la radio !

En parlant de photos, on reparlera demain dans notre chronique quotidienne, en parlant des photos de Sophie Calle. Sophie Calle qu’on attendait pour deviser joyeusement, avec nous, devant le micro de Tout arrive sur France Cul. Sophie Calle qui n’arrivera hélas! jamais à Tout arrive ! Sans doute, ayant dû faire un crochet de dernière minute, dans sa trajectoire vers la maison de la radio, pour échapper à une armée de détectives privés, commandités et réglés, rubis sur l’ongle, par la galerie Perrotin, Alfred Pacquement directeur du Musée national d’Art moderne du Centre Georges Pompidou, Monsieur Lacloche de la Caisse des dépôts et Consignations, et une banque américaine.
Absente jusqu’au dernier moment, ce qui constituait pour tous les gens participants à cette émission, et dans cette attente, un «manque» originel, une «douleur», générateurs de plaisir esthétique. Mais en dehors de cet aspect purement constitutif de l’œuvre in situ, qui s’élaborait ainsi sous nos yeux dans ce studio de radio, en l’absence même de son auteur (ce qui est très fort, même si cette absence était involontaire !).
Absence, de fait, remarquable en soi, mais qui n’est sans doute pas le seul intérêt de la démarche de l’artiste plasticienne/cinéaste/écrivain, ou écrivaine (?), comme on voudra — mais attention les chiennes de garde ne sont jamais loin.
Cette absence, à la fois ontologique et factuelle, s’est traduite malheureusement par une pénurie regrettable de femmes invitées, parmi nous, pour parler devant le micro, dans cette émission culturelle précise. Mais, en fait, personne n’a jamais pensé vraiment à s’en plaindre, outre mesure car, ce jour-là, tous les invités à cette émission, sans exception, ma foi, étaient des gens bien élevés.

Toutes ces supputations sans fin sur les raisons de l’absence de Sophie Calle devant les micros de France Culture, le 11 décembre, sont à vrai dire insatisfaisantes, tirées par les cheveux !
Et si, tout simplement, l’artiste avait, en fait, elle-même, commencé à faire la gréve générale, illimitée et définitive des artistes plasticiens et des arts visuels ce jour-là ?

Et si, vous-même, avez une opinion sur la grève ou l’absence de dernière minute de Sophie Calle à l’émission Tout arrive, n’hésitez pas à nous en faire part d’urgence.Nous sommes avides de toutes informations concernant la vie publique des artistes quand ils exposent leur vie privée, afin d’en faire bénéficier les amateurs d’art du monde entier.
Votre participation pour publication peut-être anonyme ou non, tout dépend de votre capacité à vous assumer.

Qu’on se le dise !

Citizen Fred
(décembre 2003)

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