Communiqué de presse (Mois de la photo 2008)
John Goto
Green and Pleasant Land
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« I will not cease from mental fight,
Nor shall my sword sleep in my hand
Till we have built Jerusalem
In England’s green and pleasant land. »
William Blake
Dans son poème « Jérusalem », William Blake évoque l’Angleterre sous les traits d’une « terre verte et plaisante ». Avec une certaine ironie, l’artiste anglais John Goto reprend cette expression pour titrer sa première exposition personnelle en France à la galerie Dominique Fiat.
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L’enchantement des décors arcadiens transparaît dans la série « High Summer », ses campagnes parsemées d’exemples d’architecture classique sous des cieux chargés de nuages. Ces paysages sont l’archétype du jardin paysagé anglais tel que défini par William Kent ou Charles Bridgeman au cours du XVIIe siècle.
Il y a, dans les photographies de John Goto, un hommage à la peinture du Lorrain et de Poussin, celle que les aristocrates anglais rapportèrent de Rome, étape incontournable du « Grand Tour » destiné à parfaire leur culture.
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Dans ces décors idylliques, les photographies recomposées de John Goto introduisent pourtant une note plus sombre et inquiétante.
On y croise tour à tour des militants écologistes partis à l’assaut de plants d’Ogm, des sportifs affublés d’équipements fluorescents dernier cri, l’équipe de tournage d’un mauvais film historique, des enfants abandonnés et des représentants de la Haute Société. Tous font acte d’une présence délibérément incongrue.
Goto partage avec ses prédécesseurs du XVIIe siècle un goût prononcé pour la satire sociale mêlée d’humour noir.
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Le temps et l’histoire sont les thèmes centraux dans l’autre série photographique présentée : « Dance to the Musik of Time ». Elle met en scène des démonstrations de danses contemporaines dans des décors de théâtre.
Cadrés par une avant-scène voûtée, les décors d’extérieur se succèdent et s’opposent, des cathédrales monumentales aux modestes églises de village, des demeures de campagne aux quadrillages urbains modernes, des châteaux féodaux aux usines de la Révolution industrielle.
Pour revisiter les moments clés de l’histoire anglaise, Goto a choisi des danseurs des différentes traditions culturelles et ethniques qui composent aujourd’hui la société anglaise. Des ouvriers d’usines, des danseurs indiens Kathak et des danseurs baroques évoluent ainsi dans des décors du XVIIIe siècle.
Si des break dancers détruisent ici une abbaye réformiste, ailleurs, ils posent à l’image des statues classiques, tandis qu’une troupe Bollywoodienne pestiférée déambule avec un reste d’élégance victorienne.
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Goto questionne la viabilité des histoires nationales dans un monde où les migrations se croisent et se recroisent, brassant les origines historiques et ethniques des citoyens. Plutôt que de figer l’histoire, il préfère la suggérer comme un lieu de dialogue entre le passé et un présent en perpétuel changement.
critique
John Goto