Toutes les toiles de West semblent habitées d’un même mouvement inlassablement repris. Les lignes qui les peuplent s’entrecroisent ou se superposent en dessinant des arabesques et des ébauches de lettres qui rappellent étrangement les murs saturés de signes du métro new-yorkais. West le dit lui-même: «Je traite non plus des lettres en tant qu’objet, mais de pures idées, le mouvement et la forme devenant plus important que le sujet».
Mais il nous semble possible d’aller encore plus avant dans la caractérisation de son évolution: alors que le West «vandale» éprouvait le besoin de réaliser des lettrages propres pour surmonter la confusion des supports sur lesquels il «intervenait» (métros, trains, souterrains, etc.), le West «artiste contemporain» — sans doute effrayé par la blancheur immaculé de la toile — ne peut s’empêcher de la couvrir de lignes et de traits jusqu’à ce qu’elle finisse par ressembler à ses anciens supports.
Autrement dit, ces deux pratiques, pourtant si diamétralement opposées, ne sont en réalité que les deux faces d’une même médaille: alors que le West vandale apportait aux murs de la villes sa signature ordonnée (West s’est même fait reconnaître dans le milieu du tag par la précision de ses lettrages), le West artiste introduit dans l’art la confusion de la ville.
En ce sens, on pourrait même dire que le West artiste est devenu le support même qui l’a vu naître: les murs tâchés et enchevêtrés de signes de la ligne 1 du métro new-yorkais.
Du graffitis aux dripping de Jackson Pollock, il n’y a d’ailleurs jamais vraiment eu de différence: «Les rames passaient en grondant l’une après l’autre à travers la station comme autant de Jackson Pollock dévalant en hurlant les corridors de l’histoire de l’art» (Jay Jacoks).
West
— Zear, 2008. Technique mixte sur toile. 95 x 120 cm
— Aleph Bet, 2002. Technique mixte. 180 x 300 cm
— Sans titre, 2007. Print sur papier. 80 x120 cm
— Speaker 3, 2004. Technique mixte, hive sound systen exhibition. 75 x 110 cm
— West 5, 2008. Technique mixte sur papier. 80 x 102cm
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