L’exposition « I Would Prefer Not To » à la galerie parisienne Thomas Bernard Cortex Athletico présente des peintures de Gorka Mohamed : une galerie de portraits atypiques qui, sous son aspect de neutralité administrative, dénote un intérêt certain pour la singularité la plus étrange. Ces œuvres de l’artiste espagnol sont nourries d’inspirations multiples, de références classiques de l’histoire de l’art à la bande dessinée, en passant par le courant Bad Painting.
« I Would Prefer Not To » : peintures de Gorka Mohamed à la galerie Thomas Bernard
A première vue, l’approche formelle que Gorka Mohamed adopte pour la plupart de ses tableaux, point de vue neutre et fond en aplat terne, évoque les portraits photographiques que l’on doit fournir en série à des fins d’identification nationale. Mais rapidement, c’est leur bizarrerie qui l’emporte : les portraits de Gorka Mohamed semblent justement destinés à isoler et souligner nos particularités, nos défauts voire nos étrangetés.
Gorka Mohamed inspiré par DalÃ, De Chirico, Crumb
Les portraits de Gorka Mohamed forment une galerie de personnages difficilement identifiables, faits de bric et de broc, d’objets associés hors de toute logique selon des assemblages hétéroclites pleins d’incohérences, de torsions, d’entremêlements, selon des équilibres précaires. On y décèle l’influence des formes dégoulinantes des derniers tableaux de Giorgio De Chirico, de la Montre molle de Salvador Dalà et de la « période vache » de René Magritte, mais aussi celle de grands maîtres de la peinture comme Diego Vélasquez et de la bande dessinée alternative américaine comme celle de Robert Crumb.
Les portraits de Gorka Mohamed soulignent la laideur pour mieux s’en débarrasser
La démarche de Gorka Mohamed repose sur la volonté de « montrer l’angoisse que ressentent les gens, de plus en plus apathiques face à un environnement saturé par les médias et les images qui éliminent toute pensée critique » et celle de nous libérer de cette angoisse en poussant jusqu’à l’excès cette saturation visuelle et informative, jusqu’à ce que la toxicité devienne thérapie. A travers ses singuliers portraits, l’artiste accumule les indices de trivialité et de laideur, pour mieux mettre en lumière le pire et s’en débarrasser.