Extrait d’un poème de T.S. Eliot le titre de la nouvelle création de la compagnie Li (luo) suggère un désir qui circule entre les trios performers en scène: invitation, tentation, inhibition, initiation. Chacun mesure les effets de la situation sur son être-en-scène, ce avec quoi la performance travaille, ce qu’elle expose. Mis en présence avec les images de Osamu Kanemura, ce moment scénique s’ancrera en délicatesse dans une «réalité» singulière de visions urbaines captées par le photographe, comme une façon de replacer la nature au coeur de son réel culturel.
Danseuse interprète et chorégraphe, Camille Mutel se forme à la danse butoh avec Masaki Iwana et s’ouvre à la culture asiatique, son rapport au silence, au temps, à l’espace, au vide, à travers notamment les notions de «wabi sabi» (principe d’imperfection, d’impermanence et d’incomplétude) et de «ma» (l’espace temps qui relie et sépare les choses).
Depuis quelques années, elle interroge la notion de nudité, que ce soit dans ses propres projets au sein de sa compagnie Li(luo) ou comme interprète pour d’autres chorégraphes ((nou) de Matthieu Hocquemiller, Dream.land de Cosmin Manolescu, etc.). Elle va même jusqu’à s’engager pendant une période dans la pratique professionnelle du striptease.
Camille Mutel joue avec le sens kaléidoscopique de la nudité. Tantôt révélatrice de manque (Vestale, en 2003), de solitude (Le Sceau de Kali, en 2005), tantôt questionnant le désir (Symphonie pour une dissolution) et le rapport au pouvoir (Effraction de l’oubli).
Sur chacune de ses pièces, elle s’entoure de collaborateurs de différents horizons (éclairagistes, chanteurs, danseurs, compositeurs, photographes, plasticiens etc.) pour écrire de petites formes, solo, duo ou trio. Il y a dans sa démarche une unité autour du questionnement de l’intime et de la «nécessaire vanité» de le mettre en scène.