L’exposition « Global(e) Resistance » rassemble une centaine d’œuvres créées par près de soixante artistes, pour la plupart issus de pays d’Afrique, du Moyen-Orient, d’Asie et d’Amérique latine. La majorité des créations ont été acquises par le Centre Pompidou au cours de la dernière décennie et sont exposées par le musée pour la première fois. L’exposition s’intéresse à l’art comme moyen de résistance politique, tout particulièrement dans la période ultra-contemporaine.
L’exposition « Global(e) Resistance » au cœur des enjeux politiques contemporains
L’exposition « Global(e) Resistance » retrace l’histoire des différentes luttes menées dans les pays dits du « Sud » depuis la fin du XX e siècle. Elle aborde ainsi les enjeux politiques les plus contemporains.
Les luttes post-coloniales, tout d’abord. Au fil des œuvres, se déploient l’enthousiasme, l’inquiétude et les déceptions des pays colonisés au lendemain de leur indépendance. Les guerres et l’émergence de régimes politiques autoritaires terrassent les espoirs mis dans le panafricanisme ou le communisme. Le cas de l’Afrique du sud et le conflit israélo-palestinien hantent notamment plusieurs artistes. En raison de la difficile reconstruction des pays du Sud, les questions migratoires traversent de nombreuses œuvres.
Les luttes environnementales, ensuite. Le sort de la planète est au cÅ“ur de plusieurs Å“uvres et va souvent de paire avec une critique du système capitaliste néolibéral, dénoncé pour ses responsabilités dans plusieurs catastrophes écologiques et pour son inaction face Ã
l’urgence d’agir.
Les luttes sociétales, enfin, avec la défense des droits de l’Homme, la tolérance religieuse, le combat contre le racisme, le sexisme ou l’homophobie, qui s’entremêlent avec les précédentes luttes. Les parcours et traumatismes individuels se transforment alors, à travers la création, en outil de résistance pour le collectif.
« Global(e) Resistance » : la création comme acte de résistance
Les œuvres de « Global(e) Resistance » sont nées à la conjonction d’un acte créatif et d’une démarche politique. Dans la célèbre conférence « Qu’est-ce que l’acte de création » que Gilles Deleuze avait donnée en 1987 à la Femis, il expliquait que « seul l’acte de résistance résiste à la mort, soit sous la forme d’une œuvre d’art, soit sous la forme d’une lutte des hommes », l’une et l’autre relevant selon lui d’un seul et même élan. Quoi qu’il en soit, les œuvres de l’exposition s’inscrivent dans ce double élan de résistance : celui d’imposer par l’art l’existence d’une cause, face aux négligences et aux omissions d’un récit historique oublieux ; et celui de mettre l’art au service d’une stratégie militante pour lutter contre les drames du temps présent.
L’art engagé pose des questions majeures, d’ordre philosophique et politique, aux musées, le Centre Pompidou inclus. Exposer une œuvre, c’est donner de la visibilité à son message. Intégrer une création à ses collections, c’est garantir une pérennité au combat qu’elle porte. Alors, comment choisir ? Comment se situer ? Peut-on échapper au parti-pris ? Enfin, quelles conséquences pour l’œuvre engagée, quand une institution comme le Centre Pompidou la cautionne de fait ? Sa vigueur militante et subversive en est-elle affectée ? Ces interrogations traversent et enrichissent l’exposition « Global(e) Resistance ».