ART | EXPO

Glimmer

12 Oct - 26 Jan 2014
Vernissage le 11 Oct 2013

Cette première monographie de l’artiste américain Richard Hawkins en France est l’occasion unique de découvrir une œuvre aussi complexe que sophistiquée, l’étrangeté de cet univers homosexuel fait de distorsions, de découpes, de dissections, de décapitations… et d’épiphanies picturales.

Richard Hawkins
Glimmer

Hawkins développe dès le début des années 90 une pratique du collage héritée de la tradition du cut-up de Brion Gysin qui exploite avec violence les mythes échoués de la contre culture américaine. Le collage est pour lui un espace du double, de l’expansion, de l’indécidable, du transitoire, de l’éphémère et de l’instable. Il est le fondement de l’ensemble de son travail: peintures, sculptures, assemblages, livres et tumblr saturés d’images pornos vintages ou d’expositions virtuelles d’autres artistes.

Toute l’œuvre de Hawkins est traversée par le point de vue d’un voyeur, cruiser, chasseur désirant, s’arrêtant sans distinction sur l’espace fantasmatique des mythologies anciennes et contemporaines, feuilletant les magazines d’art anciens avec autant de frénésie qu’il ne traque les garçons au coin d’une rue.

Sans jamais chercher à créer de liens entre ces différents récits, pratiques et médias, Richard Hawkins ne laisse subsister qu’une indulgence constante à l’égard de ses sujets, le simple plaisir de la fascination et de l’émerveillement. La beauté juvénile de Matt Dillon, l’ombre de Lautréamont et la gestuelle disloquée de l’inventeur du Butoh Tatsumi Hijikata sont traitées avec autant de joie, de grâce et de vulgarité que ses autres obsessions: les représentations de la Grèce antique, la sculpture romaine, la littérature décadente française du 19ème siècle, le symbolisme de Gustave Moreau, l’histoire des indiens d’Amérique, les zombies, les maisons hantées, les théories poststructuralistes ou encore le tourisme sexuel Thaïlandais.

L’exposition conçue pour le Consortium se déploie autour d’œuvres réalisées ces trois dernières années, la plus récente étant Smut Palace que Hawkins perçoit comme «une résidence idéale pour un vieil homme très très sale». Smut Palace est une pagode de cinq étages composée de bois et de carton. Au-delà du voyeurisme, d’une fiction dystopique sur le désir, ce petit théâtre vide porte en lui une question plus formelle et non résolue sur l’intériorité de la sculpture.

L’exposition est composée d’un des plus grands ensembles de la série des Salome Paintings, intérieurs confinés qui pourraient représenter les activités quotidiennes du Smut Palace. Un gigolo torse nu fume une cigarette lascivement à côté d’un glory hole. Une tête de zombie, représentation d’un consommateur trahi par une prostituée cruelle, lévite dans les airs, mort mais encore cupide et ardent, toujours désirant.

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