Glass Works présente le travail de verrier, peut-être méconnu, du metteur en scène et plasticien américain Robert Wilson. Les pièces exposées mettent certes en avant un aspect singulier de l’activité artistique de Robert Wilson, mais nous rappelle les possibilités offertes par les propriétés du verre. Fin ou épais, mat ou brillant, lisse ou rugueux, le verre est la matière des contrastes et des variations.
De la mise en scène au travail du verre
Robert Wilson doit en premier lieu sa réputation à son travail de metteur en scène. Ses mises en scène, internationalement connues et appréciées, ont eu une influence décisive, notamment au cours des années 1970. En France, il a grandement contribué à faire connaître l’avant-garde américaine du temps en créant plusieurs spectacles tels Le Regard du Sourd en 1971, Lettre à la Reine Victoria en 1972, ou Einstein on the Beach présenté au festival d’Avignon en 1976. Robert Wilson se distingue tout particulièrement en raison de ses choix, n’hésitant pas à promouvoir le travail de Williams S. Burroughs dans The Black Rider, le chanteur et musicien Lou Reed dans Time Rocker, et multiplie les collaborations avec Philip Glass. Metteur en scène, Robert Wilson se risque à conjuguer les contraires, renverse les perspectives, et apprécie une certaine variété, toutes caractéristiques que l’on peut aussi remarquer dans son travail sur le verre.
Glass Works
La mise en scène ne doit pas faire oublier un autre aspect du travail d’ensemble de Robert Wilson qu’est le travail du verre. Désireux de travailler une telle matière, Robert Wilson a eu l’opportunité de mettre en œuvre ce projet pendant neuf ans au Centre International de Recherche sur le Verre et les Arts plastiques de Marseille. Mais c’est au contact du maître verrier italien Lino Tagliapietra que Robert Wilson découvrit et affirma son goût pour le travail du verre. Il eut alors l’occasion unique d’en apprécier la précision des gestes, si ce n’est la virtuosité, ainsi que la légèreté sophistiquée des formes fabriquées. Robert Wilson a alors entrepris de dessiner des vases prenant la forme de spirales se développant autour d’un axe imaginaire.
De manière significative, Robert Wilson voulut d’abord tenter de recréer l’ensemble des gestes observés du maître verrier. Mais cette approche du travail du verre fut écartée puisque cette matière interdit tout effet de spontanéité ou d’improvisation et nécessite au contraire une parfaite maîtrise. Robert Wilson demanda alors au souffleur d’enrouler un large ruban, non un fil de verre, autour d’un cylindre creux puis de l’écraser. Au moyen d’une telle technique Robert Wilson parvint ainsi à conjuguer la spontanéité du geste de l’artisan et la maîtrise géométrique requise par le verre.
Glass Works est donc le résultat d’une rencontre et d’une volonté. Les vases en verre ici présentés frappent le regard par leur singularité. Chaque pièce est un composé de nuances et de variations, et donne à voir des jeux de transparence et de courbes. Suivre le dessin d’une courbe revient à passer insensiblement d’une surface à une autre. Lisse, celle-ci devient poreuse sinon rugueuse. Le verre, comme le montre le travail de Robert Wilson, est aussi cette matière qui offre le plus de réactions aux éléments extérieurs tels la lumière. A la variation de la texture matérielle répond en quelque sorte celle de l’opacité et de la transparence. Chaque pièce imaginée par Robert Wilson souligne les infinies possibilités du verre.