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Giuseppe Penone.

Présentation
Contrepoint- De la Sculpture, Musée du Louvre (5 avril-25 juin 2007).
Commissaire: Marie-Laure Bernadac, conservateur général du patrimoine et chargée de mission pour l’art contemporain au Louvre.
Dans le cadre du troisième volet de Contrepoint au Musée du Louvre dédié cette année à la sculpture, Audrey Norcia est allée à la rencontre des onze artistes internationaux invités à dialoguer avec les collections du musée. Tous sont issus de traditions artistiques déterminées: l’Arte Povera pour Luciano Fabro, Giuseppe Penone et Claudio Parmiggiani; la sculpture anglaise et américaine pour Robert Morris, Richard Deacon et Anish Kapoor; et enfin, diverses tendances du renouveau français avec Elisabeth Ballet, Gloria Friedmann, Didier Trenet, Michel Verjux et Jacques Vieille.
Leurs interventions se situent dans le département des Sculptures (Aile Richelieu, Cours Marly et Puget; aile Denon, galeries Donatello et Michel-Ange) ainsi que dans le département des Antiquités Orientales (Cour Khorsabad).
Chaque artiste a choisi son site, en réponse à un ensemble statuaire ou à une sculpture en particulier, afin de proposer, à l’occasion de cette relecture des œuvres anciennes, une pièce nouvelle dans la plupart des cas.

Interview
De Giuseppe Penone
Par Audrey Norcia

Pourquoi avoir choisi de présenter au Louvre l’Arbre de 10 mètres, qui est une pièce remontant à 1989?
Giuseppe Penone. L’espace de la cour Puget est très minéral, les statues de bronze et de marbre s’y mêlent, ainsi que des œuvres de siècles différents. Mon œuvre est organique, c’est un élément qui joue par contraste.

Justement, votre arbre est d’une pureté formelle, celle de la nature qu’il incarne. Comment percevez-vous le contraste créé avec la statuaire classique de la cour Puget?
Giuseppe Penone. C’est un contraste de matières et de formes. Et en même temps c’est une sculpture intemporelle, c’est pour cela que je l’ai choisie pour cette manifestation. L’arbre est une sculpture extraordinaire, capable de garder en soi la mémoire de sa croissance, de sa forme originelle et évolutive. Moi je ne fais que révéler la forme déjà dans la matière, je lui redonne sa vitalité. Je montre l’arbre tel qu’il était à un moment donné. La sculpture s’envisage de deux manières: soit on ajoute de la matière soit on en enlève. Je rejoins Michel-Ange qui dit que le sculpteur ne fait que révéler la forme déjà contenue dans la matière. Mon arbre est donc une œuvre autonome; il aurait très bien pu être réalisé à une autre époque.

Les deux arbres qui n’en font qu’un évoquent une colonne vertébrale. Votre art met à nu l’élément naturel pour en révéler une forme, la forme mémorisée par la matière: vos arbres auraient-ils quelque chose d’humain? Une nature hybride?
Giuseppe Penone. C’est vrai qu’on peut y voir comme une colonne, quelque chose d’humain, mais c’est une projection alors que l’on fait. C’est nous qui avons toujours tendance à anthropomorphiser les objets qui nous entourent… il n’y a qu’à regarder les voitures modernes qui sont dessinées, et mises sur le marché: leurs lignes sont tantôt douces et rondes, avec des phares comme des yeux ronds, tantôt plus nerveuses… Là, dans la cour Puget même, on pourrait prendre ces ouvertures dans la pierre comme des bouches… c’est nous qui regardons ainsi. Mais mon propos n’est pas celui-là. Je montre une forme qui existe déjà, je la révèle.
L’arbre est une matière fluide qui s’adapte à l’environnement (si un rocher barre sa croissance, ses racines le contournent); c’est aussi une matière qui peut être modelée: si on empoignait un arbre et qu’on ne bougeait pas durant des années, la pression continue exercée par la main modifierait l’arbre. Et, tout en étant fluide, l’arbre conserve la mémoire de ses formes, lisibles par les cernes de sa croissance. C’est donc une sculpture emprunte de temps et qui se modifie avec lui.

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