L’exposition consacrée à Giulio Paolini à la galerie parisienne Marian Goodman dévoile de nouvelles œuvres de l’artiste italien, des pièces murales, des installations et des éditions, à travers lesquelles il poursuit sa réflexion sur l’art, l’identité de l’artiste et le regard du spectateur. Elle s’inscrit dans l’exploration que Giulio Paolini a entamée dès la fin des années 1980 de la notion même d’exposition. « L’acte même d’exposer » est pour lui une « œuvre qui comprend les œuvres » : l’exposition réunit les œuvres pour former une narration visuelle complexe.
Œuvres murales, installations et éditions de Giulio Paolini
Ainsi le parcours se déploie-t-il selon une scénographie très précise. Trois grands polyptyques présentés au rez-de-chaussée de la galerie ont pour fil rouge une figure d’homme en costume, personnification de la figure de l’artiste. Dans le premier, intitulé Retroscena (Una rosa amarilla), le personnage, assis et vu de dos, regarde un tableau accroché à l’envers. Une rose jaune visible au premier plan représente la révélation qui s’impose à lui en occultant toute autre vision et symbolise la « vérité » qui se manifeste soudain au créateur. Dans le polyptyque L’arte di non esserci, le même personnage nous fait face mais son visage est masqué par des feuilles volantes : l’artiste, essentiel bien qu’invisible, disparaît derrière ses Å“uvres. Enfin, dans Caduta libera (Suicida felice), l’artiste se jette dans le vide, jusqu’à l’intersection de lignes qui reprennent celles de la peinture Disegno geometrico, première Å“uvre réalisée par Giulio Paolini en 1960.
Giulio Paolini explore la notion même d’exposition
L’installation In volo (Icaro e Ganimede) réunit deux autres personnages : Icare et Ganymède. Incarnant la fin et le début d’un même idéal de beauté, toujours insaisissable, les deux figures mythologiques sont représentées par des corps nus suspendus dans le vide, l’un tombant vers le sol, l’autre lancé vers le haut. L’installation se compose de divers éléments : une copie modifiée en plâtre du Ganymède de Benvenuto Cellini, une reproduction parcellaire de la peinture d’Icare par Jacob Peter Gowy, une carte morcelée du ciel, un globe terrestre et une lampe de Wood qui émet une lumière ultraviolette.