L’exposition « Inverted Odysseys » à la galerie Béa-Ba, à Marseille, réunit les dessins et les peintures de Giulia Andreani et de Delphine Trouche, deux jeunes artistes qui puisent dans l’iconographie de la mémoire collective la matière de leurs œuvres.
Inverted Odysseys : un dialogue complice entre Giulia Andreani et Delphine Trouche
L’exposition « Inverted Odysseys » est née d’une photographie de famille de Delphine Trouche qui a amorcé un dialogue avec Giulia Andreani. Cette image-témoignage a révélé les correspondances artistiques, intellectuelles et politiques qui existent entre les démarches respectives des deux femmes. On découvre donc un parcours en forme de dialogue complice dans l’œuvre récente des deux artistes.
La peinture de Delphine Trouche se nourrit des fantômes de la mémoire collective
La peinture de Delphine Trouche se veut abstraite bien que les objets qu’y les habitent soient souvent figuratifs. Ces derniers sont à considérer comme des fantômes de la mémoire collective populaire, jetés sur un même plan sans que les relie une narration ou un contexte communs. Hétérogènes, isolés, ils deviennent les éléments possibles de multiples fictions intimes. La démarche de Delphine Trouche renvoie également à une réflexion sur la mémoire de la peinture, à travers des motifs et des processus qui sot autant d’allusions parfois humoristiques aux enjeux habituels de l’abstraction.
Giulia Andreani, une « iconophage » qui consigne les images de l’imaginaire collectif
Les images, les objets issues de l’imaginaire collectif sont également la matière première des dessins et peintures de Giulia Andreani qui se définit comme une « iconophage ». Ses dessins sont issus d’une sorte de journal qu’elle tient depuis 2010 et dans lequel elle consigne par des représentations monochromes toutes sortes de d’images et documents issu d’archives historiques, d’ouvrages d’histoire de l’art et d’albums de familles. Chaque image est reproduite à l’aquarelle sur le papier et, pour certaines, à l’acrylique sur la toile, dans une palette restreinte, le gris de Payne, un gris teinté de bleu qui porte la complexité du passé, entre disparition et persistance par le souvenir. Cette œuvre en perpétuel développement, où les images du passé sont soumises à divers filtres subjectifs, met en lumière le rapport ambigu de l’histoire à l’image et les failles de la mémoire collective.