Par hasard

L’exposition « Par hasard » organisée par la Ville de Marseille et la Réunion des musées nationaux – Grand Palais déploie chronologiquement une typologie du hasard en tant que processus créatif à travers les principaux courants et artistes de la seconde moitié du XIXe siècle à aujourd’hui. La Friche la Belle de Mai en présente le deuxième volet, dédié à l’art contemporain, avec des œuvres réalisées de 1970 à nos jours signées Dove Allouche, Sophie Calle, Claude Closky, Alain Fleischer, Sol LeWitt, Gabriel Orozco, Evariste Richer, Linda Sanchez ou encore Delphine Wibaux.

« Par hasard » : l’importance du hasard dans l’art moderne

L’intervention du hasard dans le processus créatif permet à l’artiste de s’émanciper des règles de la représentation. Par le biais du hasard naissent des formes libres qui atteignent le sublime à travers l’incertitude du geste. Se substituant à l’enseignement artistique et à l’incarnation de Dieu, le hasard est devenu une des composantes de l’art moderne. Se faisant même le sujet des œuvres, il est exploré de diverses manières par les artistes, générant différents processus, techniques et formes, de l’automatisme au mathématisme, des coulures, empreintes et chutes aux déchirures et compressions, de la tache à la ligne pure.

Introduit par le poème de Stéphane Mallarmé Un coup de dés jamais n’abolira le hasard, publié en 1897, le parcours regroupe des œuvres créées à partir des années 1970, date de la parution de l’ouvrage Le Hasard et la nécessité de Jacques Monod, qui provoqua une véritable révolution intellectuelle et inspira une génération d’artistes en plaçant le hasard au cœur de la biologie moléculaire. A travers les créations de cinquante artistes réparties en douze thèmes (Dés, Ordre, Désordre, Empreintes, Brisures, Brûlures, Eau, Moisissure, Rencontre, Poussière, Jeu et Musique), se déploie une typologie du hasard intégré au processus créatif.

Le hasard dans les Å“uvres de Gilles Barbier, Sophie Calle, Sol LeWitt

Les douze thématiques renvoient aux enjeux actuels de la création contemporaine et à ses rapports de plus en plus forts avec la nature qui est source d’une forme d’art involontaire. De nombreux artistes s’intéressent aujourd’hui à la sérendipité, terme qui désigne ce qui est découvert par accident, et plus généralement aux détails anodins de la vie, qu’ils capturent et transforment en œuvre.

En témoignent les peintures à la gouache sur papier de la série Ce qui est sorti du chapeau aujourd’hui de Gilles Barbier, la série photographique Suite vénitienne pour laquelle Sophie Calle a suivi des inconnus dans la rue, le dessin Lines of Random Length from the Center de Sol LeWitt ou encore l’installation
Waves d’Étienne Rey, un bassin en verre, partiellement rempli d’eau et animé d’un mouvement de bascule qui génère des vagues et exerce une irrépressible fascination sur le spectateur.