Le peintre français Gilles Aillaud (1928-2005) est connu pour ses représentations d’animaux en captivité dans des parcs zoologiques ; moins pour ses tableaux de paysages. Il en a pourtant peint de nombreux, issus de pays différents. La Galerie Loevenbruck en présente une partie dans l’exposition « Gilles Aillaud. Plages et déserts ».
Les paysages de Gilles Aillaud : entre plages et déserts, liquide et solide, fluctuant et fixe
Au cours de ses voyages, Gilles Aillaud a représenté plusieurs scènes de bords de mers et de déserts, alternant entre des paysages français et d’autres de contrées lointaines. Après avoir peint les montagnes arides grecques dans les années 1970, il a enchaîné avec les côtes rocheuses de la Bretagne dans les années 1980. De son séjour en Égypte à la fin de la décennie, sont nées plusieurs Å“uvres représentant le désert, le Nil ou la Mer morte. Il s’agit à chaque fois de peintures à l’huile, en grand format. En 1988, les plages de Biarritz lui inspirent quarante tableaux de petite dimension, rassemblés dans la série « La mer dans tous ses états », dans lesquels il tente de capturer le flux fugitif des vagues.
Prises dans leur ensemble, ces œuvres font osciller des teintes à dominante bleutée, plutôt froides, avec des teintes à dominante orangée, plutôt chaudes. L’aspect liquide des étendues d’eau s’oppose également à la sécheresse des espaces désertiques. Enfin, la mouvance incessante des vagues fait face à la fixité apparente des roches et des sols asséchés.
« Gilles Aillaud. Plages et déserts » : l’humanité face à la nature
Les paysages de Gilles Aillaud peuvent être vus comme une continuité de ses peintures d’animaux en cage. Les différences sont bien sûr nombreuses. Loin de l’univers carcéral oppressant du zoo, ses plages et déserts dépeignent des espaces naturels ouverts sur le ciel. Loin de la lumière artificielle tombant sur les bêtes captives, ses paysages baignent dans une lumière naturelle. C’est une bouffée d’air frais en pleine nature que reflète le style adopté par le peintre : les touches sont légères, relâchées, rapides, au lieu d’être tendues et maîtrisées comme dans ses tableaux les plus connus.
Par ailleurs, les plages et déserts de Gilles Aillaud sont vides – nul homme, nul animal. A l’exception notable et significative des mouettes, dont il a peint le vol dans six grandes peintures à l’acrylique, pouvant atteindre jusqu’à neuf mètres de long. Voilà sans doute ce qui fait la cohérence des œuvres de Gilles Aillaud : la division que l’Homme a instaurée entre lui et le reste du règle animal. Les animaux sauvages que nous avons le plus de chance d’observer, dans nos sociétés modernes occidentales, se trouvent en effet soit en cage, soit dans le ciel, hors de notre portée.