Gianni Caravaggio
Le Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole présente une exposition consacrée à l’artiste italien Gianni Caravaggio qui s’organise autour d’une trentaine d’œuvres datant du début des années 1990 à aujourd’hui.
Les œuvres de Gianni Caravaggio sont comme une succession de verbes: équilibrer, attirer, créer, faire, décliner, imiter. Chacune se déploie sur le sol, en partant du minimum: de l’élément le plus noble (comme le marbre) à l’élément le plus élémentaire (comme la farine). Le sol revêt une importance particulière dans le travail de cet artiste, il l’utilise et le présente comme un horizon de possibilités.
Les sculptures de Gianni Caravaggio se regardent d’en haut comme s’il s’agissait de maquettes, d’expériences. Souvent, elles semblent prêtes à s’effondrer, comme si elles étaient construites sur un équilibre fragile.
Nous pouvons relever deux métaphores antagonistes de cette fragilité: la construction enfantine, faite à tâtons, ou l’expérience scientifique et sa précision indéniable. Un autre paradoxe est présent dans l’œuvre de Gianni Caravaggio: à partir de matériaux bien réels et identifiables, il crée une image poétique, intuitive et stimule l’imagination du spectateur.
Cette idée est particulièrement bien expliquée par Alessandro Rabottini: «Et c’est dans ce processus d’assimilation de transition entre microcosme et macrocosme, entre un matériau disponible immédiatement et une image sidérale et inaccessible que l’imagination et la poésie sont générées, par exemple à la façon dont un manche à balai devient un cheval ou un fil de fer, l’orbite d’une planète.»
Gianni Caravaggio est influencé par des courants artistiques modernes comme l’Arte Povera, Fluxus, l’Arte Processuale et le post-minimalisme. Le point commun de ces courants est l’abandon de toute forme de représentation naturaliste en art, mais aussi la relation directe aux matériaux: leur contact, leur accumulation, leur dispersion… Cependant, ils divergent sur la symbolique et la valeur narrative qu’ils accordent à ces matériaux.
Si Gianni Caravaggio utilise des matériaux bien concrets, il joue aussi avec l’immatérialité et, en l’occurrence avec l’immatérialité de l’ombre. Il crée, ainsi, un nouvel équilibre fragile et fait varier les couleurs d’un objet, d’un outil, suivant l’éclairage ou la position du spectateur.