Communiqué de presse
Alberto Giacometti
Giacometti & Maeght 1946-1966
Alberto Giacometti est l’un des artistes les plus importants du vingtième siècle. Devenu célèbre grâce à ses sculptures, il a été également un peintre et un dessinateur de renom.
Même s’il faisait déjà partie des personnalités de premier plan du mouvement surréaliste dans le Paris des années trente, ce sont ses créations d’après-guerre qui sont devenues son héritage artistique majeur. Les statues longues et effilées incarnent le style, si facilement reconnaissable, de Giacometti.
La représentation de l’être humain dans sa vulnérabilité et son angoisse existentielles constituent le sujet principal de sa création. Pour Giacometti, il s’agissait de saisir la réalité dans toute sa complexité.
Les débuts, 1922-1929
Après la période néo-impressionniste de sa jeunesse, de laquelle datent des oeuvres telles que Le Paysan (1921) et Autoportrait (1923), Giacometti traverse à Paris une phase de sculpture cubiste, entre 1925 et 1928. Pour la première fois, il ne travaillait plus sur modèle, mais de mémoire. Il voulait créer des compositions à caractère sémiotique et qui captent la réalité dans des formes épurées. C’est ainsi que virent le jour des sculptures comme Femme-Cuillère (1926-1927) et Femme couchée qui rêve (1929).
La période surréaliste, 1930-1934
Giacometti appartient, de 1930 à 1934, au mouvement surréaliste et passe pour être son meilleur sculpteur. Le surréalisme l’amène à s’intéresser à la dimension fétichiste des objets sculptés.
Cette époque est celle des sculptures, telles Boule suspendue (1930-1931), Pointe à l’oeil (1932) et Femme égorgée (1932). Les idées surréalistes sont également à l’origine des figures allongées à surface lisse et aux lignes précises des années trente: Femme qui marche (1932-1934), L’Objet invisible (1934).
La période de la rupture, 1935-1945
Au milieu des années trente, Giacometti revient au modèle. Cette démarche entraîne la rupture avec les surréalistes.
Giacometti s’efforce dès lors, dans ses oeuvres, de chercher une «ressemblance» qui, selon lui, ne peut être saisie qu’à distance. Il en résulte des figures toujours plus petites, qui parfois ne dépassent pas le centimètre et demi. C’est dans sa chambre d’hôtel à Genève que l’artiste continue ses travaux entre 1942 et 1945.
Le «style Giacometti», 1946-1951
Le développement décisif dans l’art de Giacometti a eu lieu en 1946 après son retour à Paris. C’est à partir de simples croquis de gens dans la rue que lui vint l’idée des grandes sculptures filiformes qui caractérisent son oeuvre aujourd’hui.
Ses personnages paraissent distants, pour ainsi dire dépourvus de corps, voire de poids, et expriment à la fois l’éloignement et la proximité. Les femmes sont debout, les jambes jointes, les bras contre le corps et les pieds difformes: Femme debout (1946), Grande Figure (1947).
Les hommes sont représentés en mouvement: Homme qui marche (1947), Homme qui marche sous la pluie (1948). L’artiste regroupait quelquefois plusieurs sculptures, mais de manière à ce qu’elles donnent une impression de solitude: Place (1948), Quatre Femmes sur socle (1950), La Forêt (1950). Dans les rares représentations animales, comme Le Chat (1951) ou Le Chien (1951), le côté caractéristique ressort dans les contours squelettiques.
L’oeuvre tardive, 1952-1966
Dans les années cinquante, l’art de Giacometti a mué une fois encore. Progressivement, ses personnages reprennent du volume, ce qui renvoie moins au corps lui-même qu’au mode de travail de l’artiste. Les sculptures de cette époque portent des empreintes de pouces et des traces de couteau, et elles illustrent clairement le processus de création. Les oeuvres de la dernière décennie, les bustes de son frère Diego, de sa femme Annette et de son ami Elie Lotar, se distinguent par une surface irrégulière, creusée de sillons, et présentent la vision artistique comme étant le véritable processus de création.
Le dessin et la peinture
Giacometti a toujours été un dessinateur et un peintre authentique et reconnu. Ce n’est que dans les périodes principales de sa création, au cours desquelles il a cherché de nouveaux angles de vision -à la fin des années vingt et dans la période de rupture de 1935 à 1945- que la peinture et le dessin sont restés à l’arrière-plan. Exécutées dans des tons grisâtres et dans un style proche de celui du dessin, les peintures de la période de maturité décrivent un monde désillusionné et fantomatique. Outre les portraits, Giacometti choisissait pour thèmes des natures mortes, des rues, des espaces et des paysages.
A partir des années cinquante, il s’est consacré davantage au graphisme d’impression ainsi qu’aux gravures et lithographies. La contribution majeure de Giacometti reste cependant la représentation, dans la sculpture, de l’image existentielle de l’être humain. 1966 Le 11 janvier, décès d’Alberto Giacometti à l’hôpital cantonal, à Coire.