Sebastian Alvarez, Jeremy Bolen, Irina Botea, Robert Burnier, Every house has a door, Carrie Gundersdorf, Devin King, Stephen Lapthisophon, Rebecca Mir, Heidi Norton
Ghost Nature
Notre galaxie est composée d’une incroyable multitude de collisions, de zones irrégulières et discordantes. Ses composants existent simultanément sur une vaste gamme d’échelles et de conditions, chacune avec son propre lot de propensions. Certains corps sont plastiques, d’autres végétaux, atomiques, musculaires ou planétaires. Chacun occupe son propre cycle temporel: les champignons peuvent ne vivre qu’un jour tandis que les chiens atteignent l’adolescence au bout de deux ans de vie; à l’autre extrémité, les étoiles, elles, n’entrent dans une phase de disparition qu’après plusieurs milliards d’années.
Dans cette multiplicité tumultueuse, l’humanité lutte pour instaurer et maintenir un certain ordre, classifiant les plantes, les animaux et les êtres humains pour établir une histoire hiérarchique et avancer. Dans cette hiérarchie, les êtres vivants sont avantagés par rapport aux matières inanimées et la Nature a émergé dans un idéal romantique, vitrine du sublime, loin des relents industriels de l’homme et de la logique de production capitaliste.
Dans son ouvrage The Ecological Thought (Harvard University Press, 2010), Timothy Morton dénonce cette différentiation stridente et cherche plutôt à mettre l’accent sur le flux constant de notre assemblage environnemental, dans lequel la participation de l’homme est aussi signifiante que celle de n’importe quelle autre espèce, vivante ou inerte. Selon Timothy Morton, la «Nature» en tant que lieu isolé, reculé et non humain, n’existe pas.
Nous occuperions plutôt un réseau de parties emboîtées, interdépendantes. L’espèce humaine est entièrement intégrée dans ce « maillage »; le désir romantique de symbiose avec un paysage vierge de toute influence humaine est donc impossible. De tels espaces n’existent plus. Et il n’est pas certain qu’ils aient déjà existé. Pourtant, nous héritons encore d’un désir de trouver cet endroit pur et vierge. Et ce désir constitue un obstacle. Le fourmillement d’un membre fantôme. Aussi attrayant qu’une photo des Alpes sur une tablette de chocolat suisse, un désir à jamais inassouvi mais exaspérant.
En s’appuyant sur un large éventail de médias, parmi lesquels la performance, la sculpture, la photographie, le dessin et la vidéo, les artistes présentés dans l’exposition « Ghost Nature » investissent les frontières et les liens entre l’expérience humaine et non humaine, déjouant les stratégies de représentation du paysage à travers lesquelles ces sites ont été historiquement analysés.
Commissariat
Caroline Picard
Vernissage
Jeudi 27 mars 2014 Ã 18h