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Gestes et mesures à l’horizon des surfaces

Diplômée de l’Ecole des beaux-arts de Paris en 2009, Elodie Seguin expose pour la deuxième fois à la galerie Jocelyn Wolff, poursuivant ses expérimentations plastiques basées sur un questionnement de la forme, et mises en perspective avec ses précédentes expositions. La réflexion proposée et son application concrète décontenancent mais ne laissent pas indifférent. Plusieurs ensembles habitent l’espace et parviennent à créer une unité en dépit d’éléments à priori disparates.

Elodie Seguin ne cesse de développer ce concept, déjà présenté lors de l’exposition «Rien n’est Impossible» à la galerie Jocelyn Wolff en 2010, ou à celle intitulée «Debout Derrière Scène ouverte» au Centre culturel français de Milan.
Voulant sans cesse innover, et toujours creuser sa réflexion, elle prête attention à ne jamais reproduire les mêmes formes ou les mêmes installations d’une exposition à l’autre.

Pour cette nouvelle exposition, «Gestes et mesures à l’horizon des surfaces», les matériaux utilisés sont à la fois précaires, pauvres et vernaculaires (balais, planches, cartons, rideau, lampe halogène). Les formes créées ainsi que les couleurs choisies sont assemblées avec précision et prennent vie au sein de l’architecture dans laquelle elles se trouvent finalement intégrées.

L’espace de l’exposition et son architecture deviennent des éléments déterminants dans le processus de production artistique conçu en atelier. Selon Elodie Seguin : «L’exposition est un changement de contexte, un rassemblement d’extractions qui proviennent pour moi de rencontres ou de rapports formels que j’observe souvent dans mon atelier, mais aussi dans la rue, à la campagne, où ces formes existent dans un contexte où l’attention ne se concentre par forcément sur elle.

Pas d’explications, pas d’affiche pour signaler cette exposition. Le spectateur arrive complètement désarmé dans cette galerie qui où sont mis en scène plusieurs «objets» et «matériaux» qui ne dérogent pas du quotidien.
En les délocalisant, Elodie Seguin nous pousse à transgresser notre point de vue ordinaire. Elle nous oblige à en reprendre possession et, dans un nouvel espace, à les considérer sous un nouveau jour: «J’ai décidé de perturber ces régimes de situations d’intérieur ou d’extérieur, afin d’intégrer cette mobilité du regard et du spectateur».

Ainsi, sous une planche de taille moyenne, un tube en carton est posé verticalement contre un mur, créant un assemblage de lignes dont il est difficile d’évaluer la distance. Le titre de l’exposition «Gestes et mesures à l’horizon des surfaces», prend là tout son sens.

Dans un autre assemblage, un simple balai est appuyé contre un mur sur lequel est accroché un dessin de l’artiste rappelant ses premières expérimentations sur les formes et les volumes.
Non loin, des planches sont soigneusement découpées et peintes: ce qui semble à première vue former un groupe est fait d’éléments autonomes désolidarisés.

Dans l’exposition, ces matériaux constituent une unité de structure de fond autant que de forme, chacun entrant en dialogue avec les autres et donnant lieu à une sorte d’immanence de la matière. Car c’est la juxtaposition de plusieurs éléments, leur mise en perspective, qui donne naissance à une œuvre. Elodie Seguin agit et assemble plus qu’elle ne «crée»: mais de ses interventions naît une signification, ou plutôt une perception, qui fait écho à ses précédentes expositions: rien ne venant de rien.

On se surprend a alors contempler des éléments qui n’ont ordinairement pas leur place en galerie, et à s’interroger sur la matière, les formes et les couleurs choisies par l’artiste, comme en suspens, toutes prêtes à évoluer selon son bon vouloir ou à rester figer.

Pour Elodie Seguin, l’art doit être en mouvement constant et son travail toujours en devenir. De cette fragilité et de ce mouvement issus de l’éphémère, de ces œuvres qui existent mais tendent à disparaître, renait l’idée (chère au mouvement Fluxus) de se libérer du tableau, de dépasser les contraintes imposées par le cadre, ou ici par les murs.
La galerie continue toutefois à détenir l’œuvre dans son unité. Mais Elodie Seguin poussera sans doute plus loin sa démarche artistique et intellectuelle jusqu’à se défaire de cette unité…

Publications
— Luca Cerizza, Catalogue d’exposition «Debout, derrière», édition Kaleidoscop. Paris, 2011.
— Catalogue d’exposition «Mouvements des atomes, mobilité des formes, Félicités des beaux-arts de Paris», Ecole nationale des beaux-arts Paris, Paris, 2010.
Richard Unwin, Frieze on line, 7 déc. 2011.
— Grégoire Perrier, catalogue d’exposition «Soudain, déjà», Ecole nationale des beaux-arts Paris, Paris, 2011.
— Elsa Rigoulet, paris-art.com, févr. 2010.

Oeuvres
— Elodie Seguin, Not yet titled, 2012, Encre à base d’eau, papier, bois, colle, peinture, socle. 59 x 49 x 24cm.
— Elodie Seguin, Not yet titled, 2012, Encre à base d’eau, papier, bois, matériaux divers.
— Elodie Seguin, Not yet titled, 2012, Tissu, métal, lampe halogène. 310 x 231 x 48 cm.
— Elodie Seguin, Not yet titled, 2012, Bois, plastique.
— Elodie Seguin, Not yet titled, 2012, Bois, peinture.
— Elodie Seguin, Not yet titled, 2012, Bois, 19,3 x 90 x 0,3 cm.

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