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Gert & Uwe Tobias

Gert & Uwe Tobias, deux artistes pour une signature commune, créent un univers faussement ornemental où l’ornement ment, l’enfoui devient surface, une énergie vitale prend forme fracturant les mondes de l’art et citant pêle-mêle Matisse, Ensor, Miró, Nolde ou encore Henry Darger. Cette publication est la première qui leur est consacrée en France.

Information

  • @2012
  • 2978-2-907672-15-3
  • \27€
  • E162
  • Zoui
  • 4Français-Anglais
  • }240 L - 320 H

Présentation
Jean-Charles Vergne
Gert & Uwe Tobias

Ce livre à la très belle couverture cartonnée est publié par le Frac Auvergne et accompagne la première exposition consacrée à Gert & Uwe Tobias en France qui a lieu au Frac Auvergne du 27 octobre 2012 au 20 janvier 2013.

Cette publication contient de nombreuses illustrations en couleurs des œuvres de Gert & Uwe Tobias ainsi que des vues d’ensemble de plusieurs de leurs expositions précédentes à Nottingham, Hanovre, Hambourg, Londres et Burgdorf.

S’y ajoute un inventaire de leurs œuvres et la liste de leurs expositions reproduites en fin d’ouvrage. Au milieu du livre s’insère un carnet avec un texte «The Past is a grotesque animal» de Jean-Charles Vergne, directeur du Frac Auvergne et commissaire de l’exposition. Ce texte, en français puis en anglais, est un essai critique sur les esthétiques de Gert & Uwe Tobias ainsi que sur leurs pratiques.

Il n’est guère possible d’évoquer l’œuvre de Gert & Uwe Tobias sans aborder les grandes lignes biographiques qui permettent d’en asseoir les origines. Nés en 1973 à Brasov, dans la Roumanie de Nicolae Ceausescu, ils quittent leur pays en 1985 avec leurs parents pour s’installer en Allemagne. Ce n’est qu’âgés d’une vingtaine d’années qu’ils y retournent, percevant alors toute l’ambiguïté d’une nation dont l’histoire s’est toujours mêlée au folklore.

Comme dans la plupart des dictatures, le pouvoir de Ceausescu s’est largement servi, en le détournant, d’un imaginaire national porté par la puissance évocatrice de personnages populaires. Les figures de Vlad III l’Empaleur –le Dracula de Bram Stoker– ou des princes Alexandre Ier le Bon et Etienne le Grand, ont été instrumentalisées pour devenir les symboles du nationalisme, du patriotisme et de la glorification du régime. Ce nationalisme s’est auréolé d’un esprit populaire où le folklore, le vernaculaire et les traditions ont fait l’objet d’une récupération pour occuper une place prépondérante dans l’imaginaire collectif.

Ces contrastes sont au cœur du travail des deux frères lorsqu’ils décident d’entamer leur collaboration pour faire œuvre commune après leurs études à la Hochschule für Bildende Künste de Braunschweig, en Allemagne. Le télescopage des registres, des temps et des genres est manifeste dans leurs créations, et il n’est pas exclusivement la manifestation de la volonté de gommer les écarts entre un art savant et un art populaire. Ces frictions proviennent avant tout de résurgences puisées dans l’histoire de leur pays d’origine.

C’est probablement là que se loge l’une des principales articulations de leur travail, dans la mise à l’épreuve d’une imagerie populaire et artistique confrontée à son instrumentalisation dans les détournements politiques dont elle peut faire les frais.

Les œuvres de Gert & Uwe Tobias couvrent un large spectre de techniques –gravure sur bois, collage, dessin, peinture, sculpture, installation– et mêlent indifféremment les références à l’histoire de l’art et aux arts populaires (imagerie kitsch, poterie, broderie, représentations traditionnelles, etc.). Elles passent de la figuration à l’abstraction, de l’humour au tragique, du symbolisme le plus sombre au grotesque carnavalesque, de collages faussement aléatoires rejouant l’esprit Dada à des agencements surréalistes teintés d’une noirceur angoissée, de l’informe organique de céramiques anthropomorphes à des scénographies très structurées inspirées par l’architecture socialiste.

Elles citent pêle-mêle Redon, Klee, le Bauhaus, Malevitch, le constructivisme, Goya, Dalí, Munch, Schlemmer, Ensor, Gontscharova, Larionov, Tanguy, Miró, Nolde, Cotán, Matisse… Elles prennent successivement appui sur les bestiaires médiévaux, l’ornementation religieuse, le folklore roumain, la broderie, les bibelots désuets, la poésie graphique, l’histoire de la typographie, le spatialisme, les films de vampires, les amulettes, les grigris africains et puisent également, aux confins du genre artistique, à la marge de la marge, chez des outsiders de l’art comme Henry Darger…

Ces apports se croisent ou, plutôt, infusent les uns dans les autres de façon anarchique et anachronique. La fusion est telle qu’il est au final assez difficile de délimiter les contours des éléments qui composent cet assemblage improbable duquel se dégage un sentiment d’étrange familiarité, une impression de déjà vu, où les grandes figures de style depuis longtemps assimilées se fondent les unes aux autres tout en frayant avec d’autres sources, disparates, mineures.

«Ce qui rend, également, si déconcertantes les œuvres de Gert et Uwe tobias demeure même dans les fondements mêmes d’un processus de création forcément influencé par la gémellité des deux frères. (…) Ils travaillent dans le même atelier et revendiquent une signature commune sans jamais permettre le moindre distinguo entre leurs créations respectives. Ils affirment l’unicité d’une œuvre qui (…) s’élabore par une somme de créations individuelles issues d’un dialogue permanent.» (Jean-Charles Vergne)

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