Sur des toiles monumentales, le silence du monochrome est rompu par de larges aplats évoquant le mouvement, la vie, mais aussi la présence physique de l’artiste. Ces traces rappellent la gestuelle, la manœuvre de l’artiste, dont la corporalité se voit alors réintégrée au sein de l’œuvre. Au sous-sol, les trois séries de dessins, flous et légers, montrent des fils désordonnés, comme autant de corps, d’arbres, de figures enchevêtrées.
Qu’y voir? Faut-il seulement voir ou identifier quelque chose, ou bien se contenter de re-sentir? Pour figurer le visible, Gérard Traquandi penche pour l’abstraction en même temps qu’il s’en détache, voulant éviter les écueils des codes picturaux établis. L’œuvre, toujours sans titre, s’apparente davantage à l’écho sensuel d’une réalité plutôt qu’à sa représentation.
N’ayant cessé de multiplier les supports (dessin, aquarelle, gravure, collage, et même photographie), Gérard Traquandi interroge la pratique picturale en même temps qu’il pose la question de la représentation du réel. Il met en forme la tension existant entre le réel, absorbé par la rétine et la mémoire, et sa «mise en œuvre». Encore, il joue sur le décalage entre un univers extérieur (la nature en l’occurrence), et sa «reconstitution» en art, en image, à l’intérieur de l’espace clos de l’atelier.