Issu d’une famille modeste, Gérard Tisserand (1934-2010) fait des études à l’école des Beaux-Arts de Dijon. Dans les années 1950, il obtient, grâce à l’Abbé Pierre, un atelier dans La Ruche, une cité parisienne d’artistes. Il rejoint alors le mouvement figuratif Jeune Peinture, créé par l’artiste Paul Rebeyrolle, avant de fonder en 1970 la Coopérative des Malassis, qui regroupe plusieurs peintres engagés, tels que Henri Cueco, Lucien Fleury ou Michel Parré. La Galerie Patricia Dorfmann revient sur le parcours et sur l’œuvre de cet artiste engagé dans la rétrospective « Gérard Tisserand, vive les vacances ! 1960-1970 ».
L’art figuratif de Gérard Tisserand
Alors que l’abstraction connaît son apogée sur le marché de l’art et dans les institutions culturelles, Gérard Tisserand s’intéresse plutôt à la peinture figurative et expressive. Il s’inspire de grands artistes tels que Gustave Courbet ou Eugène Delacroix, et s’inscrit dans la lignée de Georges Grosz, d’Otto Dix et de René Magritte. La bande dessinée et le cinéma ont également eu un impact sur la composition narrative de ses œuvres. Outre ces influences artistiques, Gérard Tisserand s’est emparé des codes publicitaires pour les subvertir et pour produire une critique de la surconsommation. Enfin, il fait référence à l’époque dans laquelle il évolue afin d’en critiquer et d’en moquer les injustices.
L’art engagé de Gérard Tisserand
Gérard Tisserand déploie son Å“uvre en réponse aux maux des années 1960-1970. Certains de ses tableaux sont ainsi étroitement liés à l’actualité politique et sociale : La Famille Willot, les frères Villot ou une belle famille (1964) et Qui tue ou l’Affaire Gabrielle Russier (1970) évoquent des scandales de l’époque ; Vive les vacances (1975) fait référence à l’acquisition des droits sociaux ; la longue fresque Le Grand Méchoui (1972), créée en collaboration avec les artistes de la Coopérative des Malassis, se présente comme un brûlot pictural à l’encontre du gaullisme. Avec humour et dérision, il dépeint l’Histoire, tout en y intégrant sa propre existence : « Je suis témoin de ma propre histoire. Je peux me moquer des gens : j’en fais partie », expliquait Gérard Tisserand.